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Billet de blog 15 août 2017

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Voilà. Nous sommes au plein cœur de l'été. Au sommet d'un Everest chèrement acquis. Un jour silencieux, assoupi. Les rues sont vides. Même les cigales, ce matin, sont passives. J'aime ce vide là, j'aime Jean Ferrat, sachant que dés demain, on s'acheminera doucement vers l'automne...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Voilà. Nous sommes au plein cœur de l'été. Au sommet d'un Everest chèrement acquis. Un jour silencieux, assoupi. Les rues sont vides. Même les cigales, ce matin, sont passives. J'aime ce vide là, j'aime Jean Ferrat, sachant que dés demain, on s'acheminera doucement vers l'automne...

La matinée se lève
Toi debout, il est temps
Attends encore, attends
J'ai pas fini mon rêve
Le soleil nous inonde
Regarde-moi ce bleu
Attends encore un peu
Je refaisais le monde 
Regarde l'alouette
Il est midi sonné
Le monde abandonné
Je le donne au poète
Allons, viens dans la vigne
Le soleil est très haut
Le monde sera beau
Je l'affirme, je signe 
Le monde sera beau
Je l'affirme, je signe...

J'ai l'impression qu'on ne donne jamais assez à l'essentiel, qu'il n'y a jamais de satiété. La chose essentielle dans une vie, je pense que c'est l'amour. Tout le reste ne sers qu'à remplir le vide ou a oublier. Quand on pense à des génies comme Proust et Mozart, il me semble que l'Art prend la place que l'amour laisse libre. Lorsque tu es très amoureux, tu ne fais rien. L'amour fou ce suffit à lui même, même s'il ne dure pas.

Alors aujourd'hui, je ne fais pas rien. J'écris...

Reçu cette semaine un splendide album de Jean Cabane , recueil de textes et de peintures, parti au Viet Nam après sa retraite de professeur des écoles, marié à Ho ian avec Hoa, qu'il a profondément aimé, et qui a été fauché dans un terrible accident... « Les jours qui passent ne nous appartiennent plus », écrit-il. En nous, ils laissent l’empreinte de leur passage. Peignant, je cherche à saisir ces instants, à fixer ces images. Pour me souvenir. Le désir de peindre est quelque chose d’indicible. Comme l'absence d'un être aimé est sans mot. Un jour de septembre, il y a onze ans, un jour comme aujourd'hui, j'arrivais dans un lointain pays dont le nom résonnait à ma mémoire depuis bien des années. Vietnam, un nom que j'associais avec colonisation, guerre le libération, films américains. Mais aussi avec les mots plus pacifiques comme peut-être encre, papier et pinceaux, ou encore peinture asiatique. J'ai vécu toutes ces années d'histoire d'un magnifique amour. Brutalement interrompu par un effroyable accident.

Peindre a été pour moi un lieu où amarrer ma vie. Peindre pour rester debout. Peindre dans le silence et dans l'absence. Puis sont venus les mots. Au fil des jours j'ai écrit. Mettre des mots sur mes émotions. De petits textes comme autant de tentatives de mettre des morts sur les divagations d'un homme blessé cherchat le chemin de l'espérance. J'ai voulu rassembler dans un recueil ces textes et les peintures qui les ont accompagnés comme on pose des offrandes sur un autel en l'hommage à l'être aimé.

Ce travail commence au début de la mousson s'achèvera avec la longue saison des pluies. »

Émouvant, admirable travail.

Après ça, on ne parle pas politique. Je n'en éprouve d'ailleurs aucune envie.

Je me languis de retrouver mes deux émissions de radio préférées, où je chronique : « Sexygénaires et Cie », sur radio cfm Cordes, et les 3G sur radio Nîmes, cette émission qui me fait tant de bien, et qui me fait découvrir et aimer des gens de droite, que je découvre autrement que comme je les imaginai. Et je les aime......, ceux là.

Photo : Guy Bourdin

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