Vendredi 14 novembre 2019 : Nîmes
Temps automnal. Pluies et températures basses. Heure d'hiver. Il fait nuit à 17h30. C'est la période de l'année que je déteste le plus. Bon, comme dit l'autre, demain il fera jour.
Nîmes s'illustre. Dernière ville de France dans sa strate géographique, pour son attractivité. Et les prochaines élections municipales s’avèrent déjà un imbroglio politique digne de cette dernière place. Des candidats déclarés ou à venir passant allègrement d'un camp à un autre. Grâce à l'entregent multicarte de la Députée en Marche Françise Dumas, ci-devant Présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées, qui s'est offerte successivement à Jean-Paul Fournier, maire les Républicains, puis au Président de l'agglomération, Yvan Lachaud, centriste, sachant que ces deux là se haïssent, aucun candidat n'a encore été désigné par En Marche pour être tête de liste à Nîmes, ce que souhaite la ci-dessus députée En Marche qui ne veut pas qu'on lui fasse de l'ombre sur ce territoire, dont elle se sent propriétaire légitime. A suivre.
Alors, je puise mon plaisir, en ces jours sombres, dans les aventures fabuleuses de ceux qui, issus de nulle part et des quartiers populaires, réussissent : un conte de Noël inespéré : Mourad, quinze ans, un jeune prodige des quartiers Nord de Marseille à l'oreille parfaite est repéré sur les réseaux sociaux grâce à une vidéo le montrant jouer sur un piano dans le hall de l’hôpital marseillais de la Timone, la Fantaisie Ininterrompue de Chopin. Les internautes, émus par son talent, se mobilisent pour lui offrir un instrument. André Manoukian cherche ses coordonnées, et voici le jeune musicien devenu star des médias en quelques jours. Et c'est parti. Bravo Mourad, qui ne sait pas lire la musique...
Et puis, sortie le 20 Novembre prochain du premier film de Ladj Ly : Les Misérables : Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux "Bacqueux" d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes...
Les Misérables est le premier long métrage de fiction de Ladj Ly, produit dans le système classique. Avec ce film, le réalisateur raconte un peu sa vie, ses expériences, celles de ses proches. Il explique : "Tout ce qui est dedans est basé sur des choses vécues : la liesse de la Coupe du monde évidemment, l’arrivée du nouveau flic dans le quartier, l’histoire du drone... Pendant cinq ans, avec ma caméra, je filmais tout ce qui se passait dans le quartier, et surtout les flics, je faisais du copwatch. Dès qu’ils débarquaient, je prenais ma caméra et je les filmais, jusqu’au jour où j’ai capté une vraie bavure. Dans le film, l’histoire du vol du lionceau déclenchant la colère des Gitans propriétaires du cirque est également vécue... J’ai voulu montrer toute la diversité incroyable qui fait la vie des quartiers. J’habite toujours ces quartiers, ils sont ma vie et j’aime y tourner. C’est mon plateau de tournage !"
Longue vie à ce film. Longue vie à Ladj Ly, l'enfant de Montfermeil, enfant de la Seine Saint-Denis.
La Seine-Saint Denis, où j'ai vécu et travaillé plus de 50 ans concentre toutes les difficultés du monde : pauvreté, chômage massif, multiculturalisme, communautarisme, trafics de drogues à grande échelle, mais aussi de superbes réussites individuelles : créations massives de start-up, d'artistes, de poètes, de chefs d'entreprises, qui ont la rage de s'en sortir. J'ai vécu quelques années dans un immeuble de Saint-Denis, avec un voisin qui est devenu... Grand Corps Malade. Chapeau à tout ceux là.
Il faut lire aussi les superbes polars d'Olivier Norek, lieutenant à la PJ de Seine-Saint Denis, « Code 93, Surface , et Territoire, qui parlent avec une incroyable justesse de ce département, que j'aime.
En écoutant en boucle « Passion Jarousski », la Star du chant fêtant ses 20 ans de carrière, pendant lesquelles le contre-ténor français a réalisé un parcours hors du commun que l’on retrouve ici au travers de ces 53 airs, tous sélectionnés par l’artiste. Philippe Jaroussky éblouit par sa musicalité suprême, sa voix unique à la fois légère et puissante. Epoustouflant de virtuosité dans les grandes pages baroques (Vivaldi, Haendel, Bach, Pergolese...) et d’une infinie subtilité dans les mélodies et les œuvres plus intimistes (Massenet, Schubert, Ferré, Kosma...)., et en écrivant sur la Seine Saint-Denis, je m'extrais de la piteuse campagne électorale de Nîmes, en priant Dieu auquel je ne crois pas pour que la liste du Front National n'enlève pas, au finish, la Cité des Antonins...
Et cet après-midi, avec mon copain Luc, on va se préparer une méga super terrine de tête de cochon persillée , avec langue pieds et pleins d'autres choses qui nous font du bien... Dommage que le Beaujolais Nouveau ne soit pas arrivé à Nîmes......
Grand Corps Malade