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Billet de blog 16 février 2018

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vendredi 16 Février 2018 : Nîmes

Temps couvert mais doux. Le non hiver se poursuit pour nous. Tant mieux.

Je suis un adepte de la phrase de Boris Vian dans l'écume des jours : « Le plus clair de mon temps, je passe à l'obscurcir ». Certes, je réfléchis en permanence, sans pour cela déprimer et sans que ma pensée se laisse aller. Politiquement, je décroche comme nombre de nos concitoyens. Emmanuel Macron a tout écrasé et a organisé le polycentrisme de la pensée. Je viens de me prendre 80 euros de CSG sans que cela me face hurler, ce qui aurait été la norme il y a quelques années. Je pense que cette léthargie citoyenne prendra fin dans quelques temps. Il faut laisser le temps au temps, comme disait François Mitterrand, mon camarade scorpion dont nous partageons le même jour de naissance. Ce même François dont je lis quotidiennement, à toute petite dose, ces lettres à Anne de 1962 à 1995. Lettres de celui qui fut deux fois président de la République et qui nous dévoilent des aspects totalement inconnus d'un homme profondément secret que chacun croyait connaître. : "Je bénis, ma bien-aimée, ton visage où j'essaie de lire ce que sera ma vie. Je t'ai rencontrée et j'ai tout de suite deviné que j'allais partir pour un grand voyage. Là où je vais je sais au moins que tu seras toujours. Je bénis ce visage, ma lumière. Il n'y aura plus jamais de nuit absolue pour moi. La solitude de la mort sera moins solitude. Anne, mon amour". 
Et la correspondance prend fin le 22 septembre 1995 : "Tu m'as toujours apporté plus. Tu as été ma chance de vie. Comment ne pas t'aimer davantage ?"Je lis doucement, de peur de voyeurisme. Quelle délicatesse. 28 ans les séparaient. Est-ce important ?

J'ai attaqué  un nouveau bouquin : « La femme à la fenêtre de A.J. FINN, premier roman d'un jeune auteur New-yorkais déjà édité dans 38 pays : Elle a tout vu, mais faut-il la croire Séparée de son mari et de leur fille, Anna vit recluse dans sa maison de Harlem, abreuvée de merlot, de bêtabloquants et de vieux polars en noir et blanc. Quand elle ne joue pas aux échecs sur internet, elle espionne ses voisins. Surtout la famille Russel – un père, une mère et un adorable ado –, qui vient d’emménager en face. Un soir, Anna est témoin d’un crime. Mais comment convaincre la police quand on doute soi-même de sa raison ? Au programme : des volets fermés sur une maison-caveau, une héroïne au cœur de la plus profonde dépression,  beaucoup de solitude et une  nouvelle variation plutôt réussie sur le thème de la raison et de la folie.

Je passe pas mal de temps aussi sur la programmation sur Facebook de « On en parle », coproduite avec Patrick Magès, qui décortique l'actualité Nîmoise et qui se professionnalise d'émissions en émissions.

Pour le reste, mon hivernage se poursuit. Je sors très peu du cocon de ma maison, adepte de cette phrase de Montaigne « Il faut se réserver une arrière boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude. »

Je cuisine et mes pensées se ternissent depuis quelques jours aux alentours de Cordes sur Ciel, dans une maison où je passe régulièrement des retraites indispensables, terriblement chaleureuses, et où il faut indéfectiblement et solidairement toujours croire au matin.

D'autres pensées : Marrakech peut-être :

 l’ombre se cache sous les murs
l’ombre rouge en terre dure
Partout la même couleur

même parfum, même odeur. (Affiche de Claude Viallat / Féria de Séville 2018)

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