Samedi 18 Avril 2020 : Nîmes
Il fait doux. 33 ème jour de confinement. J'aime bien ce mot, confinement. Je confine comme un fruit confit lentement dans le sucre. Finirai-je en un somptueux marron glacé... Pa à me plaindre car confinement privilégié. maison confortable, piscine et garrigue privée...
Michel Onfray nous invite à lire, en confinement un philosophe stoïcien, car ils sont les philosophes du combat contre l'adversité, par excellence : ils donneraient des recettes pour lutter contre l'inquiétude, la peur, la crainte, l'angoisse, la vieillesse, la maladie, la souffrance, la trahison, la mort bien sûr. Il songe aux « Pensées pour moi-même », de Marc Aurèle, aux lettres à Lucillius, de Sénèque ou au Manuel d'Epictète. Mais s'il ne fallait qu'iun philosophe, ce serait Montaigne qui, dans les Essais, les contient tous.
Cette pandémie montre quoi : l'impéritie du chef de l'état et du gouvernement, les propos incohérents parce que contradictoires d'Emmanuel Macron : restez chez vous mais allez voter, confinez-vous mais vous pouvez faire des exercices physiques, les écoles ne seront pas fermées puis elles sont fermées, le virus ignore les frontières mais on les ferme tout de même, un personnel soignant à qui on est incapable de fournir de simples masques ou du gel hydroalcoolique pour se protéger du mal qu'il côtoie au plus près..
Ce virus n'existe pas indépendamment de l'économie. Dans notre économie mondialisée, la voie libérale maastrichtienne a fait du profit l'horizon indépassable de toute politique. Produire des masques et les stocker ? Pas rentable... Investir dans la recherche ? Pas immédiatement rentable. Disposer d'un service de soins performant pour tous ? Pas rentable. Laissons les soins aux riches qui auront les moyens de se les offrir, et les pauvres à leur solitude.
Comment allons-nous sortir de cette épreuve ? Nous verrons bien mais cette crise ne refera pas à elle seule et d'un seul coup un esprit civique que cinquante ans de propagande libérale généralisée ont définitivement détruit en France.
Le meilleur, peux-être, à l'heure actuelle : les citoyens de Milan et de Paris aux fenêtres des immeubles pour saluer ces hussards blancs de la République que sont les soignants.
Et puis, des disparitions nous touchent :
Détenu sous Pinochet puis exilé, Luis Sepúlveda, militant de gauche, est mort des suites du Covid-19 à l’âge de 70 ans, le 16 avril, à Oviedo en Espagne,
Il avait écrit, notamment, ce somptueux conte du « Vieux qui lisait des histoires d'amour. » :
Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme quitte ses romans d'amour - seule échappatoire à la barbarie des hommes - pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse...
"Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire. "
"Les perdants m’ont toujours intéressé parce que ce sont les personnages les plus insignes de l’Histoire, ce sont eux dont la vie et l’expérience sont les plus riches, surtout ceux qui savent pourquoi ils ont perdu. Qu’est-ce qu’un perdant magnifique ? Pour moi, il y deux grands exemples de perdants : Don Quichotte quand, à la fin du roman, il regarde la foule brûler ses livres. Cyrano de Bergerac, quand il met dans la bouche de Christian les mots d’amour qu’il ne pourra jamais prononcer." (Luis Sepulveda)
Et puis hier, Christophe, Ce grand couturier de la musique dont parle Jean Michel Jarre.
L'un de mes plus grands souvenirs d'été. En 1965, j'avais 15 ans et comme chaque année
je passais toutes mes vacances avec ma grand mère Mathilde, à Veules les Roses, l'un des plus beaux villages de France, entre Dieppe et Saint-Valéry en Caux. En pleine liberté du matin au soir, avec mes copains et copines. Cette année là, deux tubes : Hervé Villard, « Capri c'est finis » et Christophe : « Aline »... Ce fut ma dernière année à Veules Les Roses, mais quelle dernière année... De cette année là, et de tous mes souvenirs, il ne me reste plus que « J'ai entendu la mer » … sur la plage de Veules les Roses :
Châteaux de sable sont écroulés
La plage est sale d'amours fanés
La ville est pleine de place vides
La route de guet s'est endormie
J'ai entendu la mer
Souvent me fredonner
Tu sais je m'ennuie l'hiver!
Pourquoi passe-t-il l'été?
Bateau perdu cherche son maître
Qui lui rendra la liberté
Le port le tient dans sa cachette
Et lui promet de la retrouver
Châteaux de sable sont écroulés
La plage est sale d'amours fanés
Bateau perdu cherche son maître
Qui lui rendra la liberté
Tchao Christophe.
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