Lundi 30 Septembre 2019 : Nîmes
Nous allons quitter, à petits pas, cette année 2019. Ce temps d'hiver est, à ce jour, plutôt clément. Et ce mouvement social contre la réforme de notre système de retraite ne semble pas faiblir.
On va donc aborder 2020, pas de la meilleure façon.
S'agit-il d'un nouveau démantèlement de l’œuvre, superbe, du Conseil National de la Résistance ou bien d'une ultime façon de conserver, coûte que coûte, notre régime de retraite par répartition ?
A chacun sa vérité.
Sommes nous, et je le pense, comme l'écris Sylvain Tesson, ce grand voyageur devant l’éternel, un peuple qui vit en Paradis alors qu'il pense vivre en enfer... ?. (Ce qui n’exclut naturellement aucune lutte sociale quand le moment s'en fait sentir.)
A l'aube des vœux, cet acte dont je ne suis pas un adepte, les miens s'adressent à un peuple humilié, oublié, bafoué, où l'on tue chaque jour ses enfants, dans l'indifférence générale : le peuple Palestinien, par ce poème de l'un des siens, Mahmoud Darwish, « Et nous, nous aimons la vie. »
« Et nous, nous aimons la vie autant que possible
Nous dansons entre deux martyrs. Entre eux, nous érigeons pour les violettes un minaret ou des palmiers
Nous aimons la vie autant que possible
Nous volons un fil au ver à soie pour tisser notre ciel et clôturer cet exode
Nous ouvrons la porte du jardin que le jasmin inonde les routes comme une belle journée
Nous aimons la vie autant que possible
Là où nous résidons, nous semons des plantes luxuriantes et nous récoltons des tués
Nous soufflons dans la flûte la couleur du lointain, lointain, et nous dessinons un hennissement sur la poussière du passage
Nous écrivons nos noms pierre par pierre. Ô éclair, éclaire pour nous la nuit, éclaire un peu
Nous aimons la vie autant que possible
Merci à ce peuple fier.
Et nous, modestement, à Nîmes, nous allons aborder la campagne des prochaines élections municipales, dans des conditions extrêmement complexes, à l'image de cette ville extrêmement complexe.
Le risque : cinq listes qualifiées au second tour, ayant réunis plus de 10% des votants au premier tour, avec en tête au 1er tour un Rassemblement National qui comptabilisera entre 22 et 25% des voix, sans même à avoir besoin de coller une affiche ou de faire un meeting. « Wait and see ».
Face à lui : la liste du maire sortant « Les Républicains » de Jean- Paul Fournier, qui, a 75 ans, briguera son 4ème mandat sur une liste, courage fuyons, qui ne fera pas état de son appartenance « Les Républicains ». Sur de sa morgue et de son sectarisme, il est convaincu d'être second à l'issue du premier tour. Il ne se présentera pas pour les Nîmois, ni pour lui, mais simplement pour faire battre le Président de la Communauté d'Agglomération, Yvan Lachaud, qu'il hait comme je n'ai jamais connu d'antécédent en quarante ans de vie au sein des collectivités territoriales... Yvan Lachaud le centriste qui, grâce à un accord national entre le Modem et la République en Marche vient de bénéficier du soutien de cette dernière, au détriment de David Tebib, chef d'entreprise, Président de l'USAM, club de hand-ball prestigieux de la ville, qu'il a hissé au plus haut, sans aucun mandat politique antérieur et qui coïncidait parfaitement au profil de tête de liste que la République en Marche avait érigé initialement.
Même adoubé à unanimité par la commission d'investiture d’en Marche, David Tebib n'a pas bénéficié du soutien attendu par la Direction politique de son mouvement, et se présente en candidat libre, dans l'honneur, et qui dépassera vraisemblablement la barre fatidique des 10% pour pouvoir être présent au second tour. Le seul qui, à mes yeux, est porteur d'une véritable volonté de changement....
Déjà, çà fait quatre listes. Et une cinquième sera présente au second tour : celle des Verts de Daniel Richard, ancien Président de WWF France, section française du Fonds mondial pour la nature, créée en 1973, qui devrait logiquement dépasser la barre des 10%, et qui peut même aller très loin si, comme je le pense, une poussée verte d'envergure se vérifie aux municipales....
Alors et la gauche ? Ma gauche : KO debout. Elle ne sera pas présente au second tour pour la première fois depuis la libération, ne bénéficiant en rien des retombées du conflit social en cours concernant le régime des retraites.
Le PCF a bien essayé de fédérer un mouvement dit « citoyen » avec les miettes de ce qu'il reste du PS et la France Insoumise, -en rappelant que Mélenchon était sorti en tête à Nîmes aux dernières présidentielles avec 23% des suffrages- mais rien n'y fait : tout cela se déchire quand il s'agit de désigner une tête de liste : Le PS ne veut pas d'une tête de liste communiste et vice-versa. La France Insoumise ne veut pas entendre parler du PS, ni d'une tête de liste communiste. Ce catastrophisme va, à mes yeux, se transformer en trois listes qui feront chacune, au mieux, 4% …. C'est dramatique mais cela illustre parfaitement la décomposition d la Gauche incapable de proposer un projet fédérateur...
Avec 5 listes au second tour, sans la gauche et sans préjuger des regroupement possibles que pour ma part je ne discerne pas, le Front National sera en embuscade favorable.
Plus grave, ce qui m’inquiète beaucoup, nombre de mes amis se foutent aujourd'hui de l'accession possible aux affaires du parti de Marine Le Pen , à Nîmes ou à la tête de l'Etat : elle sera nulle et deux ans après, on la virera, guerre civile si nécessaire.
Je ne suis pas capable de prendre ce risque. A bon entendeur, salut.
Je préfère Mahmoud Darwish à tout ce climat nauséabond.