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LES CONS, FONT LES MEILLEURS SOLDATS…
Pour parler franc, là entre nous, « j’ai de mes ancêtres gaulois l’œil blanc bleu[1] », je finis encore plus mal que j’ai commencé… Oh ! j’ai pas très bien commencé… je suis né en France pour diriger, j’ai horreur des gens, de leur métier, artisans, paysans, bouchers, abjects cloportes, je les hais, mais c’est ainsi que les curés m’ont élevés, dieu que je les ai détestés eux aussi…
J’aurais pu finir plus mal avec un tel bagage, tu parles, se laisser prendre de force pour absoudre les péchés que je n’avais pas encore commis, c’était le sévice divin en sus de la domesticité sublime. Dans ma paresse, j’ai donc appris à servir dieu comme un enfant sans âme et sans cœur, soumis comme je l’étais à ce Jésus cloué sur la croix, qui assistait de son calme bimillénaire à mes supplices de tante Hall durant de longues années, à quatre pattes à récurer les sols de pierres sales de la sacristie ou dans l’entonnoir, le purgatoire du confessionnal, c’était le jet de foutre anal et dominical, parfois plein la bouche en échange d’un Bounty ou d’un Mars, je n’étais pas révolté de guerre, et pour ne pas laisser de traces comme Nafissato, nous avions le devoir d’avaler la crème placée qui, tiède, ne tenait pas en forme.
Ah ! Vœux perfides de célibat des Judas, mauvais observateurs à la tonsure arborée, c’est quelque chose, comme des crapauds-buffles les bourses de curés gonflées, célibat qu’elles ne semblaient pas connaître, pour notre malheur de race inférieure trucidée.
Cette formation maléfique a fait de moi un être pervers, un être cynique, j’ai perdu mon innocence un jour de carême dans l’église Sainte Marie de la mère à côté d’une piéta. Je regardais sa face extatique, pendant que l’autre lubrique élargissait mon cercle d’ami sur la terre sacrée de sainte mère l’église en récitant un cantique :
- « La nuit dans le chant d’amour… n’éveillez pas, ne réveillez pas, mon amour, avant l’heure de son bon plaisir… » gloire, gloire, gloire à Dieu qui presse de ses vœux ma petite entreprise. Que les hommes sont habiles pour faire parler l’Éternel, hurlant des messages d’amour, hurlant des messages de haine, qui se ramassent à la pelle.
La Sainte Vierge qui pleurait pour son fils n’a pas versé une larme pour moi, et Christ sauveur voyant ma souffrance, sans compassion ne m’aida pas, lui plus qu’un autre aurait dû savoir… elle plus qu’une autre, Marie ou Sainte Thérèse d’Avila, qui a « vu dans sa main une longue lance d’or, à la pointe de laquelle on aurait cru qu’il y avait un petit feu. Il m’a semblé qu’on la faisait entrer de temps en temps dans mon cœur et qu’elle me perçait jusqu’au fond des entrailles; quand il l’a retirée, il m’a semblé qu’elle les retirait aussi et me laissait tout en feu avec un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu’elle me faisait gémir; et pourtant la douceur de cette douleur excessive était telle, qu’il m’était impossible de vouloir en être débarrassée. L’âme n’est satisfaite en un tel moment que par Dieu et lui seul. La douleur n’est pas physique, mais spirituelle, même si le corps y a sa part. C’est une si douce caresse d’amour qui se fait alors entre l’âme et Dieu, que je prie Dieu dans sa bonté de la faire éprouver à celui qui peut croire que je mens. »
Autobiographie de Sainte Thérèse d’Avila,
Chapitre XXIX, paragraphe 17
Dès lors, je savais inutile le voyage en terre sainte, et se faire défoncer le fion ici ou là-bas, c’était du pareil au même, alors autant rester ici. Et ces curés qui me parlaient d’amour dans leurs caresses lubriques, il ne leur manquait plus qu’un maudit public, mauvais acteurs de leur vie impudique.
J’ai conscience que ces propos puissent choquer le profane, mais ces fééries diaboliques sont pourtant nécessaires pour comprendre mon comportement présent. Il est vrai que je n’en finis pas de revoir mon passé, seul, perdu dans mes pensées l’espace d’un instant, la douleur physique a depuis longtemps disparu, il resterait la morale à définir, oui la morale, hum… ce serait comme de compter les vagues sur une mer agitée de soubresauts nerveux.
Ah ! je t’oublierais presque lecteur, pardonne-moi…
Je suis français de souche, je sais, cela ne se dit pas, les socialistes n’aiment pas ça, ça fait partie de l’agenda, je suis noble en apparence, Bilderberg de préférence, élu de la République et ma clientèle, c’est toi, c’est vous, c’est le peuple.
C’est avec gourmandise que je vends des promesses de forains dans les meetings, dans les médias, promesses qui sont rarement suivies d’effets, mais je donne l’espoir, mon rôle est donc nécessaire, j’apporte à la société citoyenne tant de bontés dans l’intention que je mérite mon élection, au point que je me trouve bon, même si je n’ai jamais rien donné à personne, c’est cela l’astuce, comprends-tu ? Notre rôle est de donner de l’espoir, je l’ai déjà dit, pour continuer l’agenda que nos maîtres ont tracé. Qu’importe la couleur politique tant que l’on dupe le public, la ligne dessinée est à suivre et même à poursuivre, tel est notre mission, suivre la ligne de front, tracée par ces dieux du sous-sol qui nous dirigent. Comme le citoyen, je ne suis qu’un pion jouissant davantage de privilèges, rien de plus. Nous sommes une expérience qui tourne mal et qui doit s’achever dans le drame et la destruction, c’est pourquoi, nous, les chefs des tas, nous y contribuons grâce à cette démocratie du souvenir.
Sembler bon en apparence, et tout prendre à l’autre en souriant, voilà ce que je dois faire, je pique les œufs du panier de la fermière avec le sourire, je vole son lait, je mange ses vaches, ses porcs et ses moutons, je ne lui laisse rien, je lui fais croire que c’est pour la communauté, mais comme les curés du réfectoire, d’abord moi, les autres après.
Regarde citoyen, ce jeune requin blanc avec son sourire de prédateur à moules, des sardines, il dévore le banc, ne te laissant que les carcasses à sucer, il travaille pour une banque et comme moi, voudrait être président, je sais l’ordure que je suis, mais le peuple vraiment ne se doute pas de qui il est, il est bien pire que moi, même si nous défendons la même cause, celle de l’État, des banques et des finances.
Je l’aime tellement ce peuple de France que mon programme est simple, je vais accentuer le chômage au lieu de le diminuer, disons, hum… 500 000 suppressions de postes pour commencer, continuer la politique du Nairu (non-accelerating inflation rate of unemployment), soit un taux de chômage pour maitriser et contrôler l’inflation, je vais privatiser la sécurité sociale, d’abord partiellement puis complètement par la suite, pour faire vivre les sociétés privées américaines sur notre sol, ainsi seuls les riches pourront bénéficier des soins, puis je vais augmenter la TVA pour les pauvres et les classes moyennes, comme ça les chômeurs iront moins au café et ils se bougeront le cul pour trouver du boulot, ça va être dur, je sais, puisque nous coulons toutes les entreprises sous les charges.
Ah ! je vais supprimer l’impôt sur la fortune pour rembourser les investisseurs de ma campagne électorale, faut bien que le peuple assume mon élection, non ? Je fais comme mes prédécesseurs, n’est-ce pas ? Je vais augmenter l’impôt sur les sociétés, les petites, parce que les grosses, je me suis arrangé avec Juncker pour déplacer leur siège social dans des paradis fiscaux ; je vais tellement ruiner ce pays que le peuple m’obéira au doigt et à l’œil, c’est mon vice, sous prétexte de démocratie, je vais instaurer la dictature financière, économique et policière, en favorisant le chaos social et en supprimant des postes dans la police, comme ça, le fléau de la guerre civile explosera et me permettra de déclarer la loi martiale, Oh ! Que les lois sont bien faites pour les crapules comme moi qui souhaitent diriger la société. Je vais mentir comme un arracheur de dents, comme le tentateur, car en faisant des propositions si cohérentes en apparence, je vais flatter l’ego du peuple en allant tellement dans sons sens, qu’il finira par me donner le Bon Dieu sans confession, et une fois sur les marches du pouvoir, je balancerais un, deux, trois, dix 49.3 pour transformer cette démocratie ridicule, et il ne pourra plus rien contre moi, contre nous, je serais leur nouveau roi, fils prodigue de la banque Rothschild, encore un autre.
Je me fiche de savoir quel cœur briserais-je, quelle famille pousserais-je au suicide, je suis tellement desséché que je n’ai plus le moindre sentiment, même les chiens me détestent, car ils savent bien qui je suis réellement, c’est pourquoi, je chie sur la cause animale. Tout ce qui pourrit la terre, je le favoriserais, le gaz de schiste, l’empoisonnement des rivières, je privatiserais l’eau encore une fois pour la vendre plus cher, les hommes ne peuvent pas vivre sans eau, chacun le sait. Je me rapprocherais de la Russie pour séduire mes ennemis de la délivrance :
- "Tout rapprochement avec la France nous est très désirable du fait que les intérêts commerciaux de la Russie exigent impérieusement l’établissement de relations normales avec cette puissance continentale."
Lénine
Enfin, mon rôle tu l’as compris citoyen, c’est de te séduire, de te mentir, de trahir ta confiance pour garder près de moi celle des très riches qui, de toute façon ne payent pas d’impôts, nous nous sommes arrangés pour cela, nous avons des équipes spécialisées qui s’en chargent. Ce sont les citoyens qui payent les impôts à la place des grandes entreprises, c’est ce que j’ai appris au pensionnat :
- si ce n’est pas toi qui encules le premier, c’est l’autre qui t’encule…
Alors, depuis que j’en suis sorti, c’est moi qui encule tout le monde avec mon Angel Face et je m’en porte très bien.
Bien sûr, j’ai appris à séduire mon auditoire, à flairer sa fatalité, la gueule de l’enfant de chœur a fait le reste, le peuple est si fragile ; après tout, il suffit de le rassurer, il n’est pas chercheur d’énigmes, il n’a pas la force d’un saint. Et moi qui ne suis pas cousu d’or, je fais en sorte de le faire tomber dans ma gamelle pour mieux le dévorer. C’est un peu comme si je travaillais sur le trottoir, je fais le beau comme un caniche, debout sur les pattes arrière, je le séduis de mille et une manières, je l’entends soupirer :
- Voyez comme il est beau Madame Michu… Hum, quelle expression… il doit être honnête homme… il est marié… il a de beaux enfants bien placés… il vit même dans un château… comme un seigneur… L’homme doit être compétent pour un tel succès d’estime…
C’est peu de choses le succès, comme j’étais doué au pensionnat, on m’a très tôt introduit profondément dans les méandres des sociétés secrètes, celles du sous-sol, on y menait grandes réunions, messes noires, dieu retirait son masque pour laisser apparaître son vrai visage, celui d’un diable cornu androgyne, une poitrine lunaire et un chibre tortionnaire, nous étions libres de nous lancer dans les plus extravagantes orgies, allant jusqu’au sacrifice d’un enfant, d’une jeune fille de temps en temps. On allait faire la cueillette dans les orphelinats, dans les camps de réfugiés, partout où la voix des sans voix ne serait pas entendue, car, chez nous, c’est l’omerta ou la mort.
Parfois, pour introniser une femme dans notre secte, on la sodomisait en nombre et plusieurs fois de suite pour briser sa volonté, sa résistance, on en faisait une esclave sexuelle, toujours disposée à se laisser prendre par tous les orifices.
Citoyen, tu as raison de ne pas me croire, cette vérité te ferait perdre la raison.
N’as-tu pas remarqué que nous sommes tous, nous les hommes de pouvoir, des faux ennemis politiques, nous sommes tous camarades de libation et solidaires en formation ?
Comme la canaille, nous avons frayé ensemble dans les mêmes messes, nous avons trempé notre chibre qui entre partout dans les mêmes orifices, nous sommes tous complices. Cheval de Troie de la République, notre unique objectif n’est pas de servir le peuple, mais d’asservir le peuple avec son assentiment, et sans qu’il s’en rende compte, nous fêtons fièrement son supplice.
Nous avons des gens très compétents qui manipulent les foules grâce aux médias, aux journalistes qui sont encore plus traitres que moi et cette arme redoutable que sont les sondages, on me dit gagnant face à l’extrême, mais seuls 10% de la population a voté pour moi, il en reste 90% qui ne votent pas, et heureusement… imagine, si les abstentionnistes votaient soudain, s’en serait fini de ma carrière, de notre carrière à tous, ils finiraient par instaurer une République démocratique, alors dans quel monde vivrions-nous, je te le demande citoyen, dans quel monde ?
Nous avons bien foutu la merde à droite, nid de vipères, à présent le combat commence à gauche, ils veulent présenter des singes et des truands, tout est fait pour me faire gagner, nos amis manipulent si bien les foules qu’ils présentent volontairement des candidats détestés pour que toi, citoyen, tu choisisses le moins terrible de tous, nous te menons dans un goulot d’étranglement et tu tombes dans notre panneau, ton absence de réflexion me ravit, non… elle nous ravit, et tant que tu en manqueras, nous resterons les rois, et tout cela, grâce à toi.
J’avais 25 ans à peine et déjà j’étais élu de la république, 40 ans plus tard, ces crétins de citoyens continuent à voter pour moi, ils me connaissent, ils savent en apparence qui je suis, ils se doutent bien que je suis une belle crapule, mais il n’y a personne d’autre, nous les avons tous éliminés, alors, j’en profite et je me marre bien de ta misère, je fais tout pour t’appauvrir et toi, tu me fais confiance, faut-il être ce que tu es pour croire à mes manigances. Il faut avouer que j’y mets du cœur.
Je dois te faire une confidence, le français est un pauvre type, c’est grâce à lui et à lui seul que nous avons le pouvoir de lui faire fermer sa gueule, « il n’est pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre[2] » et celui-là n’entend rien.
Grâce aux votes citoyens, j’ai le grand permis de t’étriper… peuple de France, de tout te voler, de te débiter en gigot farci de foutre cul, et si tu n’es pas content, je t’envoie mes loupiots de Bercy qui te tailleront un costard à vie en te suçant l’os jusqu’à la moelle, il ne te restera plus qu’un slip de corde et une lanterne pour déambuler sur les chemins de ta misérable existence.
Nous, l’élite, l’oligarchie, les ordures du désastre, les débauchés de Castre, nous ne payons pas d’impôts à vie, mais toi, citoyen, on peut te ruiner à volonté et faire de toi un Louis Ferdinand Destouches, plus pauvre encore que Job, on la rendu responsable de tous ce qu’ont fait subir nos parents aux juifs et aux Français pendant la dernière guerre, il a payé pour eux, comme ça, nous, les enfants des tyrans, on a pu faire carrière, c’est ainsi que nous agissons, tu comprends ?
- Alors citoyens, va, va voter pour moi, pour mon parti, va m’applaudir à te rompre les poignets, hurle à te casser la voix, colleur d’affiches, deviens mon défenseur, tu es mon esclave préféré, ma hyène de service, ensuite, je te ferais payer ton indécrottable bêtise par mille artifices, car, si n’est pas con qui veut, toi, tu es un brillant chef d’escadrille et tu rameutes tes loups avec toi pour aller bouffer les philosophes, les penseurs, les écrivains qui tentent désespérément de t’ouvrir les yeux sur ce que nous sommes, et nos brutales intentions. Alors va petit soldat, vis d’opposition et de combats, plus ce sera le cas, plus les divisions entre les citoyens seront fortes, plus nous serons puissants. Notre force, c’est ta division, mais vraiment, il faut avouer que tu es bien trop con pour t’en percevoir, et c’est ce qui me plait chez toi, car, j’adore les cons, ils font les meilleurs soldats.
Nous vivons une époque formi…Diable !
Tous droits réservés, merci de votre compréhension
[1]Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
[2]L-F. Céline, D’un chateau l’autre