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Billet de blog 21 oct. 2016

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Sans regret

Voyage dans la galaxie Gallagher

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sans regret.

Dans le foisonnement des séries qui alimentent l’offre audio visuelle, il en est une que j’affectionne tout particulièrement.

Il s’agit de Shameless (version US).

La famille Gallagher habite un quartier pauvre de Chicago. La maison des Gallagher, bien qu’assez délabrée, est réellement chaleureuse. Elle abrite une fratrie de 6 enfants que Franck, père alcoolique, chômeur, roi de la débrouille et de l’échec laisse livrés à eux-mêmes. Leur mère bipolaire les a abandonnés depuis longtemps pour aller vivre avec une autre femme. Elle se manifeste de manière tout à fait sporadique et ses apparitions se révèlent passablement délétères pour les enfants.

Fiona, âgée de 20 ans au début de la série, aînée de la famille, élève tant bien que mal, mais avec le plus grand dévouement sa sœur et ses quatre frères. Elle doit effectuer des tas de petits boulots mal payés et peu gratifiants pour faire face aux échéances mensuelles et subvenir aux besoins de la famille. Mais, attentive aux maux de chacun et animée d’une énergie débordante, elle assume avec courage et détermination son rôle de mère/grande sœur, reléguant au second plan sa vie amoureuse.

Le plus âgé des frères, Lip, est doué d’une intelligence supérieure qui lui permettra de décrocher une bourse universitaire agrémentée de quelques petits trafics et jobs en tous genres. Lip est très lié à son frère Ian d’un an son cadet qui lui avoue secrètement son homosexualité. Ian a hérité de la bipolarité de sa mère et doit se soumettre à un traitement qu’il n’accepte pas toujours. Après avoir travaillé dans une épicerie, il suit un entrainement dans des camps militaires. Il entretient une relation amoureuse mouvementée avec Mickey un des voisins.

Vient Deborah qui se sent parfois bien seule au milieu de tous ces garçons.  Elle s’occupe de son petit frère Liam le benjamin de la dynastie est pétrie de bons sentiments. Elle fait d’ailleurs preuve d’une grande indulgence vis-à-vis de Franck. Ce dernier, lors d’une de ses épisodiques apparitions, entreprend de former Carl au système « D ». Carl est un enfant un peu inquiétant tant il adore faire des expériences à la limite du sadisme sur les objets, les animaux, parfois sur lui-même. À l’école, il se révèle assez violent et se lance très précocement dans le trafic de drogue.

À l’issue de cette présentation, on s’attend à découvrir un univers bien peu réjouissant. Et pourtant rien de misérabiliste dans cette production. Le réalisateur nous projette dans un monde déjanté, où le trash cohabite avec la tendresse, le rire avec la tristesse. Les situations désopilantes alternent avec des drames dont chacun des personnages se relève singulièrement. Les Gallagher évoluent constamment sur la corde raide toujours à la limite de la légalité pour survivre et lorsque de rares instants de quiétude se présentent, la réalité les rattrape inexorablement et les rappelle à leur condition de pauvres.

Car au bout du compte, ce que nous décrit John Wells dans son adaptation de la version anglaise de Paul Abbott, c’est une condition sociale sans perspective d’évolution vers un avenir meilleur. Épisode après épisode, saison après saison, le concept Bourdieusien de « reproduction des inégalités » prend toute sa force. Dans cette Amérique où la pauvreté résiste à la débrouille, les Gallagher pourtant déploient un génie créatif étonnant pour survivre. La vitalité qui les anime est sans limites, leur sexualité sans tabou ; ils sont profondément eux-mêmes, sans inhibition. C’est sans doute cette absence totale d’hypocrisie qui les rend si attachants, car le réalisateur évite scrupuleusement l’écueil du manichéisme. Les personnages bourrés de contradictions nous ressemblent tellement ; tantôt admirables, tantôt pitoyables. C’est une des grandes forces de cette série.

Un autre trait de génie de la série consiste à adopter comme fil conducteur la solidarité indéfectible qui unit les électrons libres de la galaxie Gallagher. Lorsqu’il s’agit de défendre, d’aider, voire de sauver un des leurs, les disputes, les brouilles (toujours passagères), sont définitivement reléguées aux oubliettes. 

Enfin, il serait injuste de conclure sans parler des merveilleux personnages secondaires, les satellites de la galaxie Gallagher, qui revêtent une importance non négligeable. C’est le cas des amis fidèles de la famille, un couple formé par Veronica complice et compagne de galères de Fiona et Kev, barman à « la chambre de l’Alibi » le seul bar qui accueille encore Franck.  Et puis, il y a Sheila, Mickey, Mandy, etc. Et bien d’autres personnages secondaires tous dignes du plus grand intérêt.

 Dans le monde tragicomique des Gallagher l’étonnement est permanent, l’ennui est banni, la puissance du rire dénonce avec force une société cruelle que les Gallaguer affrontent avec courage et dérision.

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