les propositions économiques de JL Mélenchon sont assez cohérentes dans le temps, et elles s'expriment de manière de plus en plus claires (voir son dernier interview à France Inter du 23 novembre voir 15-'16')
En matière économique et monétaire elles s'articulent autour de deux idées: rester dans l'euro, et faire reprendre par la BCE l'ensemble des dettes des états membres.
Cette proposition à une conséquences immédiate indiscutable: les budgets des états membres vont se retrouver largement excédentaires, puisqu'ils n'auront plus le service de la dette à assurer, service qui dans tous les pays membres constitue une part très importante de leur budget.
Les états pourront donc relancer investissements et dépenses sociales jusqu'à revenir à l'équilibre budgétaire. Ces dépenses contribueront à relancer l'économie.
De plus tous ceux qui placent usuellement des fonds en obligations d'état se verraient contraints à se reporter vers d'autres placements, vraisemblablement boursiers ou hors Union Européenne. On peut penser qu'une petite partie se détournera de tels placements et préférera consommer, ou investir dans l'immobilier, ce qui accroîtra l'activité.
Que va faire la BCE de cette dette rachetée ? Ce n'est pas précisé dans ses propositions, mais on peut supposer qu'il demandera que ce soit la BCE qui rembourse progressivement les dettes qu'elle aura prise à son compte (un variante moins attendue serait qu'elle rembourse en bloc et immédiatement toutes ces dettes).
Comme JL Mélenchon l'indique cela entraînerait vraisemblablement une hausse de l'inflation qu'il appelle de ses vœux et qu'il estime à 5%-6%. Ce point est vraisemblable. Toute la discussion concerne l'ampleur de l'inflation qui succéderait. On peut même penser qu'elle serait plus faible compte tenu de l'ampleur des capacités de production inemployés, tant en Europe qu'en Asie. Cela reste un débat très ouvert.
Des propositions intéressantes. Leur seule limite est que, souhaitant rester dans l'euro, cela ne ralentira pas notre désindustrialisation (biens et services) au profit de l'Europe du Nord. Nous ne pourrons donc éviter la hausse continue du chômage, la baisse continue de notre pouvoir d'achat, un peu accélérée par l'inflation, même faible, qui touchera les moins armés pour la lutte revendicative (essentiellement retraités, chômeurs, hors marché du travail; bénéficiaires des services publiques, école, santé ...)
En résumé, une bonne bouffée d'oxygène, bonne à prendre, mais sans lendemain.
nb: un aspect irréaliste de cette proposition est qu'elle suppose l'accord de nos partenaires européens. Je ne vois pas comment l'Allemagne et les pays de l'Europe du Nord pourraient être d'accord. Cela fait partie de toutes ces promesses du type "on fera l'Europe sociale", uniquement destinées à attirer les gogos. On reverra ça au moment de l'élection présidentielle de 2017.