Le FN n'est pas antisémite

Bien que cela ne soit pas l'opinion courante à Médiapart, il est bon de le rappeler, car on ne raisonne pas bien sur des bases fausses. D Reynié, peu suspect de sympathie envers le FN a encore rappelé ce matin sur France Culture (1) qu'il n'y avait rien d'antisémite dans le programme du FN ou dans les déclarations de ses dirigeants actuels (2).
Par contre, l'étude publiée récemment par la Fondapol "L’antisémitisme dans L’opinion publique française" montrerait qu'il y a un niveau plus élevé d’antisémitisme dans l'électorat FN que dans la moyenne nationale, mais que c'est également vrai pour les électeurs du Front de gauche, de JL Mélenchon. Doit-on en conclure que le Front de Gauche, JL Mélenchon sont antisémites ? Les partisans de JL Mélenchon pourraient protester, à juste titre.
Si on regarde comment est défini l’antisémitisme dans cette étude, c'est à partir de questions jugées "révélatrices" Or ces questions sont lourdement biaisées et conduisent à surévaluer l'antisémitisme des français:
question 1: "Les Juifs utilisent aujourd’hui dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi pendant la seconde guerre mondiale."
La formulation "les juifs" rend très difficile la réponse: parle-t-on de "tous" les juifs ? de la "plupart" des juifs ? de "certains" juifs ?   De plus qu'appelle-t-on "juifs" ? Ceux qui professent la "religion" juive, ceux qui "observent" les pratiques essentielles de la religion juive, sans y adhérer ? ceux qui sans aucune référence à la religion se "considèrent" comme juifs, tous ceux qui ont "des parents" qui se considèrent comme juifs ... ...
Il est quasiment impossible dans ce type d'enquête téléphonique de pouvoir donner une opinion circonstanciée. Quelqu'un peut répondre "oui" à cette question, en observant que certains juifs ont voulu profiter de ce statut (3), sans être "antisémite" pour autant. Comme certains hommes politiques ont profité de leur conversion, tardive, à la résistance pour faire carrière.
On pourrait penser que cela a été le cas, et que c'est encore le cas, dans le domaine des relations internationales. Que des "juifs" du gouvernement israélien ont cherché et cherchent à instrumentaliser ce drame (4), et je ne vois pas ce que cela a d'antisémite.
En bref, on fait d'opinions discutables, une "preuve" d’antisémitisme. Avec de telles questions, on peut s'étonner qu'il n'y ait pas plus d'antisémites.
Un indicateur très intéressant: le niveau d'antisémitisme diminuerait avec le nombre d'années d'études. C'est bien évident, car on apprend à répondre "politiquement correct" avec les années d'étude. Le régime nazi nous a bien montré qu'il n'y avait en fait aucune corrélation réelle entre le niveau d'étude et l'antisémitisme (voir le comportement d'Heidegger et des universitaires allemands à l'époque nazi)
En fait, ce que montre simplement cette étude, c'est qu'avec des questions biaisées on peut faire répondre plus facilement ce que l'on veut démontrer, à ceux qui n'ont pas bien intégré la manière de répondre "politiquement correct". Et c'est pourquoi la part du vote populaire étant plus important au FN, et, dans une moindre mesure au Front de gauche, on y trouverait un  antisémitisme plus élevé que dans les autres partis.
(1) émission du 26 novembre 8h15 les débats de France Culture
(2) mais il y a bien sûr une tradition, des courants antisémites au sein du FN, y compris dans sa direction.
(3) en particulier analyser le procès scandaleux fait à la SNCF par quelqu'un qui voulait se faire de l'argent sur la mort en déportation de ses parents, alors qu'il n'en manquait pas.
(4) regarder entre autre les manœuvres de propagande faites au lendemain de la seconde guerre mondiale pour obtenir du  conseil de sécurité, de l'assemblée générale de l'ONU, la reconnaissance de l'état d'Israël.