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Billet de blog 15 mars 2018

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l'ARCHE DES NOYéS

Slam à l'écume...

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Arche de noyés

Tu les as vus de près, pas pour de vrai, sur ton écran seulement, attachés parqués mourant, paquets de vie abandonnés aux flots, grappes d'hommes de femmes marmots à la dérive, et tu as eu pitié mais tu n'as pas compris, toi quand tu veux voyager, tu as d'autres circuits.

Ceux qui se pressent ainsi, c'est pas le peuple élu pas un peuple d'élite, simples individus unis par cette fuite, leur terre qui se délite, la guerre, la misère, l'enfer, qui ne voient pas quoi faire, cherchent une bouée pour surnager, un sas pour respirer, un espoir pour rêver, déchus déçus coincés, tes frères de débine qui se cherchent une issue et dont toi trou du cul tu ne veux plus

Sale Europe, Eurosalope à cheval sur sa tirelire en toc qui a exporté ses pauvres sur toute la planète pendant des siècles, qui maintenant se boucle, ferme les écoutilles, se barbelle, se hérisse de toutes ses polices disant on va trier mais qui continue à fourguer sa came d'armes à tous les chefs de guerre, à piller sans manière toutes les matières premières pour engraisser sans fin sa machine vorace.

A force de tout prendre et de ne rien lâcher, à la fin trou du cul tu vas voir que ça va péter. Tu le sens tu t'en fous tu es du bon côté et pourtant toi aussi tu commences à crever. Dans le peloton minable des paumés de la terre tu veux rester en tête à téter ta mistoufle, et tu n'as plus de souffle. Ta cervelle se serre et ta bile macère, pendant que les tireurs de ficelles, là-haut de leurs castels, te les font haïr, tes frères de malheur, tes frères de misère qui crèvent à tes frontières.

Ce que tu as compris, ce qu'on te fait comprendre, c'est que tu fais partie du gâteau que ces morfals veulent prendre, qu'ils viennent pour te mordre, pour te bouffer ta part dont tu sens qu'elle devient si congrue et si rare, alors tu te révoltes et tu les hais si fort, misérables qui veulent te chourer ton trésor. Tu les calcules pas, ils sont juste appétit, dents aiguisées, menace, tu veux qu'on les efface. Tu ne veux plus la voir cette arche de noyés.

Regarde ton histoire et comment tes ancêtres ont migré eux-aussi, poussés par la fringale, chair à canon, chair à boulot, bossant à en perdre le ciboulot, à en perdre son âme, parqués dans des quartiers infâmes, rampant pour quelques bouts de pain. Maintenant tu es sur la touche mais devant ta télé et tu vois ceux qui meurent, qui jouent le même scénar et tu les jettes, les rejettes des fois qu'ils piqueraient des miettes dans ton assiette.

Ton cœur a rétréci mon frère

PPm

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