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Billet de blog 6 juillet 2012

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Vive la Gauche ! Vive le socialisme à la française !!!...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est midi. Le soleil cogne en ce début de juillet. Bernard et Sylvain sont attablés au café Jaurès (un nom prédestiné) et dégustent un pastis sous la tonnelle de la terrasse.

Nos deux compères sont issus des classes dites « populaires » étant tous deux employés d'usine payés au SMIC. Encore jeunes, la quarantaine environ, ils souhaitent gagner un peu plus afin d'améliorer leur quotidien : objectif unique qu'ils ont dans leur carrière, n'ayant aucune qualification et donc aucun avenir réel.

Sarkozy ? Ils n'y ont jamais cru. Le Président des riches les faisait « gerber », d'autant plus que leur seconde famille a toujours été la CGT.

Hollande ? Un brave type selon eux, mais incapable de faire face au grand patronat. L'espoir qu'ils ont toutefois en lui, réside uniquement dans la force de leur syndicat et la motivation du Front de Gauche pour obtenir des avancées sociales.

Bernard me précise : «  Seuls Jean-Luc (il veut dire Mélenchon) et le Parti communiste seront capables de faire pression sur Hollande et Ayrault, et vous verrez que les ouvriers auront enfin le dernier mot. Le SMIC a 1.700 euros, c'est possible si on va se servir chez les riches. Et c'est ce que nous ferons ! »

Sylvain acquiese et du coup, avale une grande gorgée de pastis. Les verres se vident, et nos deux amis s'excitent peu à peu.

Bernard, toujours plus enflammé par ses paroles contestataires, commande à nouveau au cafetier des pastis en disant : « Avec l'augmentation du SMIC d'aujourd'hui, on peut bien s'en jeter encore quelques uns !... ». Il me propose à nouveau un verre, mais je décline gentiment l'offre pour éviter tout abus d'alcool surtout quand on doit prendre le volant.

La discussion s'échauffe en particulier quand arrivent quelques-uns de leurs collègues d'usine, eux-mêmes enfiévrés par l'éternelle « lutte finale ».

« Ayrault se fout de nous » lance l'un des nouveaux arrivants. « On a voté socialiste au second tour pour que çà change, et au final çà risque d'être pire que Sarko ».

L'animation du moment tourne vite à l'emportement, à l'exaltation puis à la colère vive.

Bernard rejoint vite ses camarades « révolutionnaires » et espère comme eux que la rentrée sera « bien chaude ».

« Nous allons nous mettre en grève » répète à plusieurs reprises l'un d'entre eux et « nous obligerons le gouvernement à respecter ses engagements ». Puis s'installe un grand brouhaha incompréhensible où tout ce petit monde parle à la fois, sans même s'écouter.

Au bout de quelques minutes, le silence retombe, comme si personne n'avait plus rien à se dire.

Soudain, Sylvain qui n'a beaucoup parlé (il faut dire qu'il est le plus réservé de tous) déclare timidement : « La grève ne servira à rien. Nous connaissons d'avance le résultat : Perte d'argent pour nous les salariés, et souvent il est difficile d'obtenir satisfaction à nos revendications ; sans parler des licenciements que l'on n'arrive jamais à enrayer. Et puis, nous sommes tous de gauche, et nous n'allons pas nous battre contre notre propre clan. Si demain on fait couler le pouvoir socialiste, la droite reviendra. Et avec elle, il n'y aura plus aucun espoir. Malgré ces défauts, la gauche nous protègera toujours. Voilà. C'est mon idée ... »

Ces syndicalistes convaincus, mais quelque part désespérés se quittent après un dernier verre. Chacun rentre chez lui, libéré certes par des mots, des paroles ou des phrases qui font du bien à ceux qui souffrent dans leur vie de travailleur exploité et oublié.

L'espoir alternant sans cesse avec le désespoir, voilà le sort d'un peuple qui entre peu à peu dans la misère sociale et morale. Germinal est de retour, avec ses émeutes et ses révoltes : Et peut-être un jour, avec une révolution qui avortera comme par les temps passés au profit de quelques spéculateurs politiques.

Vive la Gauche ? Pourquoi pas ! Mais le problème reste entier quand on sait que les partis dits « de gauche » confisquent toujours au peuple les éléments fondamentaux de la démocratie et de la République.

Avez-vous rencontré des dirigeants socialistes pauvres ? Pour ma part, je n'en ai jamais connu que ce soit dans l'Histoire de France ou simplement autour de moi.

Sachez que dans le monde socialiste et plus généralement dans la gauche, il n'y a qu'un seul principe : bien se servir d'abord, puis voir après pour les autres … Et en général, sauf cas de grandes exceptions, le peuple est contraint de ramasser depuis de toujours ou presque, les miettes des fortunes d'une bourgeoisie socialiste qui n'a rien de commun avec les doctrines républicaines.

Pierre-Alain Reynaud

Site internet : www.pierre-alain-reynaud.com

Mail : cafe.republicain@gmail.com

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