Cher Laurent Mauduit,
Votre article du 2 septembre me fait pleurer, non pas parce que des capitalistes deviennent propriétaires des journaux mais parce que vous ne vous rendez même pas compte que ce que vous écrivez depuis déjà longtemps avec vos copains décourage le public de les acheter. Votre lectorat s'effrite chaque jour un peu plus, vous privant de recettes qui pourraient vous dispenser de chercher des mécènes dans le Cac 40 ou le Comité des Forges, ou d'avoir recours à la charité. Votre longue habitude de n'accepter la discussion qu'avec ceux qui sont de votre avis vous a enraciné dans vos blocages. Depuis longtemps, vous reléguez ceux qui pensent différemment de vous, sans leur parler, sur le quai d'une voie de garage, sans doute dans l'attente, que vous espérez, de wagons de marchandises qui pourraient les emporter vers l'est, destination bien connue pour les déviants. Pourtant beaucoup d'entr'eux les achetaient vos journaux, avant de commencer à voter FN et à ne plus être des interlocuteurs acceptables pour vous ! La trahison de la gauche remonte au revirement de Mitterrand en 1983 or si je me souviens bien vous les avez soutenues constamment depuis, à la fois la gauche et la trahison ! L'accaparement de la presse par le capital était déjà lisible dans vos lignes de la main et celles qui sortaient de votre stylo ! Il ne reste plus qu'une vieille garde autour de vous: elle ne se rend pas mais va périr sous la mitraille du néo-libéralisme de gauche, acculé à rembourser les dettes. En outre, quelle pédagogie avez-vous véhiculée à l'usage, c'est à dire "à la portée", du "peuple", y compris celui qui se résigne maintenant à voter FN, pour lui faire comprendre, par exemple, la différence entre société marchande et société capitaliste, (cf: Braudel) réconcilier l'artisan, le commerçant, l'entrepreneur, l'employeur, tous les ouvriers qui rêvent se se mettre à leur compte, de créer des emplois, les réconcilier moralement avec leur activité actuelle ou souhaitée, que vous vouez aux gémonies, implacablement, dans votre doxa marxiste, depuis des décennies. Vous avez l'air fin avec un code du travail intangible dont on se libère en ne créant pas d'entreprise ou en n'engageant personne ! Vous n'êtes plus lus et vous aurez encore besoin de faire la quête pour survivre parce que vous êtes sortis du monde ! Encore heureux que beaucoup des riches qui peuvent vous donner soient voltairiens, convaincus qu'il faut défendre et financer, jusqu'à la mort, même et surtout, ceux qui ne sont pas d'accord avec eux ! Heureusement que vous valez mieux que votre article !