La politique est plate. A l’extrémité de sa platitude, on tombe, non pas dans un abime, mais, dans un ailleurs indéfinissable. On se dégage du convenu des discours, des effets d’un langage. On pourrait même dire qu’on se rapproche de l’extrémité insensiblement, presque à son insu, immanquablement.
Il semblerait que de façon récurrente, 60% des électeurs aient durablement quitté cette planète obscène à la grande jubilation des 40 % qui l’habitent.
A tort ou à raison, le modernisme nous enjoindrait grâce à notre participation, de combattre ce mal dépressionnaire. Comme aller faire du sport, comme aller dans un repas de famille, il faudrait se remotiver, se bouger le cul en direction des urnes.
Ce dimanche a dit que nous n’étions pas Charlie, enfin pas tout à fait mais presque. En tout cas, il donne une autre saveur à la marée humaine. On peut même avec 12 morts et plus si affinités, mettre l’intolérance et le rance au pouvoir. On peut rentrer chez soi et en soi après le défilé, s’abonner trente fois au journal. L’émotion n’a aucun devenir politique. Et l’opulent, le fastueux des marches dans les grandes villes ne masquent plus vraiment des territoires d’une autre rancœur.
A la résistance de Syriza, à l’espérance de Podémos, l’élection partielle répond par un pied de nez scabreux. Le triomphe raciste des uns déclenche la résistance surjouée des autres dans la sécheresse d’un désert électoral. Ce qui rassemble les combattants du deuxième tour, c’est leur alliance objective autour d’un taux d’abstention faramineux, exorbitant. Il faut magnifier le culte des sauveurs, le triomphe des autoritarismes (qu’il s’appelle technocratie ou xénophobie).
On peut donc parier que la sainte alliance fera long feu tant que le problème d’effacement collectif n’aura pas été abordé, ni discuté et à part ceux qui y exercent le pouvoir, d’autres auront encore rejoint l’ailleurs indéfinissable.