Je ne sais pourquoi l’ostentation me plaît autant. Sans doute, son côté démonstratif possède-t-il quelques vertus d’enfance. Comme le cholestérol, l’ostentation a une version mauvaise. Celle du m’as-tu-vu, du prétentieux qui exhibe sa surpuissance avec gloutonnerie. Les pauvres sont devant la vitrine du restaurant luxueux, sur le port en train de regarder les yachts. Cette version mauvaise, mais réparatrice brille par un côté binaire. J’envie ce que l’autre me met sous le nez, j’essaie pendant un temps donné de m’imaginer dans la peau de son ostentation.
Mais, il y a la bonne ostentation, celle qui titille, celle qui énerve, celle, qui contrairement à la mauvaise version, rétablit l’idée d’avantage. Il n’y a pas d’ostentation sans avantage ; cet avantage signifie l’existence d’un jeu trivialement appelé se tirer la bourre. Et pour bien jouer, il faut jouer dans la même catégorie. L’ostentation se chante nananère. On joue de notre avantage, de notre capacité à toucher l’autre.
Il y a les mauvais joueurs de l’ostentation. Les mauvais joueurs de l’ostentation sont des frustrés du signe, ceux qui sur interprètent le spectacle proposé ou qui dénient à l’autre le droit de jouer. Nice est une ville de tricheurs, hélas. Son maire nous propose le pléonasme du drapeau ostentatoire. Mais, on saisit mieux quand on comprend que seul, le drapeau algérien est, à ses yeux, paré de ce vice.
C’est bien la réalité de l’Algérie, en tant que pays indépendant, que Monsieur Estrosi trouve ostentatoire. Dans cette ville, championne du monde de la gérontologie et dont le taux d’admirateur des colonies frise l’indécence, l’insupportable réside dans des drapeaux en centre-ville. Ils ne seraient pas en train de nous envahir, entend-on Christian murmurer et on peut également supposer que la phrase soit ponctuée de tous les poncifs racistes haineux. L’insécurité a bon dos quand elle est le cache-sexe de la xénophobie.
Je ne suis pas un supporter mais oui, la fête est bien évidemment un prétexte, une occasion, une libération circonscrite, une victoire mise en scène. Alors, prendre au sérieux ce que dit le jeu en entretenant une confusion entre la fierté d’être ce que l’on est ou ce qu’on voudrait être, ce moment que la fête nous permet et le combat du Djihad contre Sainte Mère l’église catholique et romaine relève de la grande manipulation.
Reprocher au sport spectacle, son ostentation et ses excès, sa mauvaise foi, ses nationalismes archaïques serait le nier tout simplement. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais j’aime mieux cette guerre d’ostentation, de débordements codifiés que celle qui sévit en Irak au risque d’un déni de réalité brésilienne.