Tout le monde convient qu’ASSAD n’est pas un dictateur sympathique. Il ressemble fort à une brute sanguinaire terrée en son bunker et capable de disposer d’armes effroyables. Il n’est pas le seul dans ce cas. La planète regorge de dictateurs. Quel est donc le trait commun à la fonction de dictateur en ce monde fâcheusement mondialisé et libéral ? Garantir des équilibres, des stabilités, des influences, des pouvoirs. La morale n’est pas vraiment invitée à ce banquet.
La précédente organisation du monde pouvait jouer aux chaises musicales avec ces dictateurs ; la modernité leur confère une instabilité sur laquelle s’installent les batailles entre clans, où prospère la loi de la jungle : le pickup, orné de la mitraillette traversant des espaces désertiques redevient une image de choix à l’heure du contrôle généralisé, de l’espionnage millimétrique, du satellite-espion. Paradoxe du on sait tout, mais on ne fait rien, crainte de la fuite sur un oléoduc, peur de la perte de la mine d’uranium, angoisse d’être privé d’un accès à la mer. Quand on sait qu’un missile tiré par un drone peut frapper à la porte avant d’entrer, s’essuyer sur le paillasson, éviter la domesticité, choisir dans les 10 personnes présentes dans la pièce, celle à faire exploser, on se dit que tout ça manque d’optimisation. L’option grosse brute épaisse semble supplantée par le merdier fondamentaliste généralisé. Qui le sera le mieux-disant ?
Et puis, il y a nous. Avec nos faiblesses, nos lâchetés, nos contradictions, nos ignorances certes, mais surtout nos réelles capacités d’Indiens fatigués à vouloir déterrer la hache de guerre. Quelle est donc cette frénésie belliqueuse qui nous habite ? Une nostalgique aigreur post-colonialiste ? Le symptôme Flamby, la réponse teigneuse à une suspicion d’incapacité ? Que serait la gauche gouvernante si elle existait ? Elle décrypterait la misère des peuples, elle cesserait de décerner des brevets de bonne conduite hyper individualisés, elle sortirait de la dialectique du méchant gentil, du bien et du mal pour essayer d’approcher les réels problèmes du moment. Faute de quoi la course à l’échalote traversant la Tunisie, l’Égypte, la Libye, le Mali, la Syrie risque bien de se transformer en compétition éternelle.
Sur ce lit de mensonges spécialement délétère, les déclarations du plus cacique des caciques solfériniens fait l’effet d’un plouf honteux : ainsi, donc, il y aurait donc du Munichois dans l’air. On ne suspectera pas notre Harlem de sur jouer l’exotisme pour masquer nos petites réalités triviales sur le chômage et les retraites. On lui en concédera juste une petite miette tant la stigmatisation de l’ennemi extérieur est une vieille ficelle de la gouvernance. Mais, bon, ce qui devient franchement insupportable, c’est cette manière de prendre les citoyens pour des idiots et de se croire détenteur d’un pouvoir quasi divin.
Décidément, nos pouvoirs sont ringards et épuisés : Hollande, Fabius, Désir, on a du mal à voir une étoile au fond de nos yeux.