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Billet de blog 3 septembre 2014

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L’intime est à Valérie ce que la franchise est à François.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’intime, dans un monde de totale mise en lumière qui va du viol, au massacre, au génocide, au coupage de tête est une frontière singulière. Elle dit l’impudique du regard, elle éloigne le voyeur, elle dit circulez y a rien à voir. Elle reste liée à une survivance tenace, celle de l’invisible des rapports sexuels et de leurs implications dans la durée d’une tranche d’existence. Elle est d’autant plus une survivance que la mort est en train de perdre ce statut d’intime. Mais il s’agit sans doute d’une survivance trompeuse.

Il est ainsi postulé que partager son corps, joindre ses deux bouts dans sa crudité (on n’obligera pas à la nudité, on pourrait même garder ses chaussettes), aménager sa vie à deux dans le partage ou dans la crise, subir les épreuves de l’usure et de la tentation demande l’éloignement des  plumitifs, caméramans, ingénieurs du son et autre agent technique de la captation. On verra sans doute se profiler dans l’ombre la question de la pornographie, le corps comme viande d’expérimentation et de la prostitution, le corps comme objet marchand. L’intime nous dit quelque chose du sacré, qui paradoxalement ne se touche pas.

Les gémissements, cris, colères, pleurs n’auraient pas leur place publique, quand sur un certain nombre de chaines, s’exposent moult iles, espaces fermés (je n’ai pas dit maisons closes) où explosent journellement au milieu de groupes improbables quant à la concentration neuronale, des passions (souvent tristes et stéréotypées), des jeux de la conquête, de la séduction , des corps jeunes généralement particulièrement bronzés et très dénudés.

Il y a là une forme de visibilité à destination d’yeux voyeurs ou de mode d’emploi de l’emballage qui n’existent souvent sur deux modes exclusifs : l’osmose ou la prédation, le fusionnel ou le conflictuel.

Bien que j’ai l’air d’en ricaner et en tant que vieux anormalement névrosé, je défends mordicus l’intime en tout cas dans sa possibilité d’être choisie. Échapper à la perversité généralisée me semble être un signe de bonne santé quand même (et quand on le souhaite bien sûr)

La posture d’étalement reste un signe d’humiliation. S’y vautrer, s’y victimiser sent un peu la merde, il faut bien le dire. L’indécence d’un relâchement complaisant vient nous mettre sous le nez une déliquescence dont on se passerait bien pour l’excellente raison qu’on n’a rien demandé.

Difficulté des temps, les clonages de Madame Bovary, de la Princesse de Clèves ont échoué.

Mais, finalement, la tromperie sur la marchandise est patente : où est ce qu’il y aurait de l’intime à défendre dans une entreprise de pur exhibitionnisme ? Quelle est cette fable de l’amour déguisé en exercice du pouvoir, lorsque la puissance dit que le monarque peut jouir sans entrave, ce qui est quand même de notoriété publique depuis un certain nombre de siècles.

Apparaitrait  simplement  fâcheuse, la relation avec une pratique et une utopie politique, malencontreusement située à gauche qui postule la dignité des êtres, leur égalité, leur autonomie, leur diversité, leur possibilité de choix et de retrait, leur capacité de silence

La goche nouvelle et décomplexée est donc sur le plan des mœurs la persistance rageuse de la chasse à courre et de la violence ordinaire et du gibier faisandé.

Chère Madame TRIERWEILLER, quand vous nous dites découvrir ce monde horrible, telle la pucelle d’Orléans, j’ai du mal à vous croire.

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