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Billet de blog 3 novembre 2013

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Journalistes tués, informer c’est faire la guerre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a toujours cette horreur rétrospective quand des journalistes meurent. Mais, des degrés dans l’horreur s’imposent ; de l’accident, à la balle perdue, de la balle perdue à la froide exécution.

Le journaliste est paré de cette recherche de vérité, de révélation modeste de l’occulté ;  l’obscurantisme habite l’arme qui l’abat. Il semble que l’obscurantisme fut grand au Mali et que peu de chance de continuer à vivre fut laissée à ces deux professionnels

Le spectateur, l’auditeur que je suis est néanmoins frappé par une forme de traitement de l’information, à la façon de la guerre des civilisations. Notre intervention civilisatrice et démocratique ne pourrait susciter en réaction qu’actes barbares et démoniaques.

Il faut malgré la tristesse et la colère se donner sans doute un peu de temps, rassembler les faits, les comprendre. Ce qui marque, ce sont aujourd’hui des guerres primaires de territoire, de survie, ce moment ou la guerre se confond avec le vol de marchandises, ce moment ou l’attaque vise la rançon, ce moment de parfait non-sens ou être en guerre participe d’une survie binaire presque d’un fait divers, un rassemblement complexe de larcin, de piraterie et d’absence de règles communes. La guerre est encore plus minable et dérisoire qu’elle ne le fut jamais, la plus value immédiate du butin prévalant sur l’objectif stratégique (y en a – il encore ?)

Aussi, mesurons le possible d’un malentendu. Dans ce souci du décryptage, l’analyse qui mobiliserait l’idéologie des forces en présence, leur pouvoir d’influence, leurs capacités de manipulation ne serait-elle pas l’enrobage d’un réel beaucoup plus simplement violent.  Dans ce tableau, avant d’être un journaliste, la femme ou l’homme présent, intrus potentiel devient avant tout une marchandise, de la barbaque monnayable, pas tant au regard de l’esprit que d’un quotidien devenu irrespirable et fou.

Dans quelle guerre sont tombés ces deux journalistes ? Je crains que ce ne soit que pour quelque haine très locale, que pour un emballement très alcoolisé, que pour une visée très dérisoire. Mais surtout pas pour rien, le minuscule n’étant pas le rien ; j’aimerais le savoir, le saura-ton jamais ? Faire la guerre, ça commence où ? Journalistes en guerre contre quoi ?

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