L’origine de sépulture indique sépultura qui signifie derniers devoirs, tombeau.
De quel devoir, de quelles obligations, la sépulture nous rend-elle redevable ?
Il s’agit d’une dette à l’égard de chaque être humain qui se solde en lui accordant une ultime place singulière, un droit d’être un mort humain, c’est-à-dire respecté, non destiné à l’équarrissage, ni à l’alimentation des charognards.
Evidemment, tout cela est bien culturel, les formes d’accompagnement du défunt, les cérémonies prennent mille formes possibles sur la planète, l’interdit souffre de nombreuses exceptions, les charniers sont nombreux en temps de guerre, de génocide mais globalement, ce qui honore et caractérise l’espèce humaine, c’est cette probabilité de traiter les défunts avec précaution et attention.
On dira qu’il s’agit surtout de bien prendre soin des vivants en leur évitant d’être parfois hantés en permanence, de pouvoir faire un deuil, de s’inscrire dans une mémoire plus large que soi-même, de rejoindre un temps possiblement présent et futur ; ce moment-là rend visible notre reconnaissance aux morts de nous laisser vivre en conscience, en paix.
L’inhumation quant à elle renvoie à la question de la terre, non du sol, mais de la terre. Il faut une terre pour accueillir la dépouille. Il faut l’enterrer, la rendre à la terre.
A travers le refus d’inhumer un enfant rom dans une commune à la mentalité hélas de plus en plus ordinaire, on voit poindre la question des sans terre. Ceux qui n’ont pas de racine au sol, ceux qui ne sont pas de chez nous, ceux que notre terre ne peut pas accueillir surtout s’il s’agit de la misère du monde à qui on ne fait pas beaucoup de concession, qui ne méritent aucune reconnaissance de dettes.
Cette terre se rétrécit vertigineusement puisque aride, dure à la pioche au point de ne pouvoir ensevelir que certains autochtones en corps et en cheville avec elle. L’occupation des sols et la propriété pourraient requérir bientôt des permis d’inhumer, origine garantie grâce à un avis d’imposition.
On sent comme un relent cadavérique de moyen âge et c’est comme si on se trouvait en 2015, dans un pays encore considéré comme civilisé.