De quoi l’honnêteté en politique nous parle-t-elle ? Il semblerait qu’elle soit devenue l’apanage des idiots. Déclarer ses intentions, respecter un programme, se défendre d’un double langage, celui de l’habillage et du fond. Il s’agit en gros d’une éthique nouvelle de l’utilisation du pouvoir, un mépris moderne pour les citoyens, le curseur en panne de la vitalité républicaine.
On constate cette dérive avec l’incontinence verbale de notre ancien président qui organise sa stratégie de défense judiciaire dans une utilisation indécente des médias qui n’informent plus, mais se vautrent dans la course à l’audience au risque d’un bêlement venant dire sur toutes les chaines en boucle la même chose. L’informateur n’informe plus, mais construit des histoires sans fin autour des ambitions personnelles. On croit rêver : quand il est question de corruption active, de détournement de fonds abyssal, que fait l’expert -chroniqueur patenté ? Il dresse la tablée d’un menu surprenant : Nicolas premier, le génial va-t-il être président en 2017. Honte à eux, la soupe est bonne et ils ont l’habitude de la manger en famille.
Les mêmes viennent régulièrement nous donner des leçons sur la perte des valeurs, le délitement de la société. Mais autorisez-moi une question, comment ces gens éduquent-ils leurs enfants, que leur transmettent-ils ?
Il faut constater au départ que, malgré l’actualité permanente de sa question dans l’histoire, les malices de la manipulation aient pris une dimension singulière, celle d’un libéralisme tout puissant qui dit : celui qui veut le pouvoir a la possibilité totale et inconditionnelle de son ambition, quelque en soit le prix collectif à payer. Une petite musique pose comme un invariant, la collusion des intérêts publics et privés, la trahison. La vie politique est donc une métaphore de nos vies ou qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse, ou l’intégrité devient un produit communicationnel et ou on apprend que la folie des mégalomanes construira en résonnance les conditions de notre bonheur et de notre sécurité sur terre. L’histrion est notre sauveur.
Il y a ce point très précis une identité d’une morale de gauche. Non qu’il faille dénier à la droite toute valeur, mais la conviction de l’égalité républicaine, l’ambition démocratique crée un devoir très particulier au niveau des pratiques et des postures. Il existe une responsabilité exorbitante de ne pas céder à ce jeu fascinant, à choisir une voie plus exigeante, plus ingrate
On mettra en parallèle la culpabilité des affreux grévistes cheminots dont la parole est toujours recueillie indirectement (mais il s’agit d’un mouvement social) au chant de la présomption d’innocence d’un puissant entouré de cabinets d’avocats. L’intégrité est devenue une variable d’ajustement.