La tragédie de l’homme politique, l’escroquerie du communiquant consistent à produire un discours dont tout le monde sait qu’il est totalement périmé, prétentieux, détaché des réalités et surtout manipulateur. On va dire qu’il est surtout destiné à protéger l’épicerie du gouverner l’autre et asseoir les petits avantages des charges royales recyclées et actualisées : grand chambellan du conseil économique et social, premier marmiton de la commission Théodule, mamamouchi émérite de la Cour des comptes, de l’inspection des affaires sociales, grand prêtre de la banque de la résurrection économique. Il faut bien protéger celui qui est là nous protéger, celui qui parle en notre nom. En temps de croissance, on lui concède quelques conneries. En temps de crise, ça reste dans la gorge.
Ce qui marque, ce sont ses indignations sélectives, ses poussées maniaques où il nous vend la justice, la liberté dans un élan lyrique décoiffant.
Quand même, nous la France……
D’abord, l’inquiétante surdité en face de notre saleté intérieure, quand nos yeux de cocker soupèsent les biscotos maous costos de notre droit de l’homme hypothétique : précarité galopante, sort dévolu aux minorités moins que chrétien, coupure drastique dans les budgets essentiels pour le plus grand bonheur de la compétitivité du casino et l’orgasme des oies gavés. Là, le grand truc, c’est Justice avec le grand H d’hypocrisie.
Ensuite, la cohérence de la politique extérieure ressemble plus au choix aléatoire d’une fusée pendant le feu d’artifice : hou, la belle bleue, trop chouette….. Quand on observe le désastre rétrospectif de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, on se dit que le Mali et la Syrie ne sont pas loin. Laissons juste un peu de temps passer et le va t’en guerre ira se coucher. Là, le grand truc, c’est Liberté avec le P de pas trop longtemps. Remarquez quand on voit François se précipiter en Grèce avec ses copains Vinci et Véolia, on comprend mieux.
Et c’est là, bien sur que le politique souffre : l’adhésion s’effiloche, la crédibilité est dans les chaussettes. Qui sommes-nous aujourd’hui pour trépigner de la sorte ? Je vous préviens, faites attention, je suis ceinture noire, septième dan de pureté, n’essayez pas de m’approcher. Tout le monde rigole…..
Incompréhensible, cette armature formatée du politicien dont le discours stagne, dégagé de toute contingence. Incroyable, cette incapacité à saisir ce que nous sommes aujourd’hui en tant que pays. Impensable, la vacance de la fonction dont ils sont en théorie dépositaires. On attendrait qu’ils disent : nous ne sommes plus grand-chose, ce que nous faisons est modeste, cela nous impose de négocier avec d’autres. Nous ne sommes pas sûrs du résultat, mais nous essayons en nous appuyant sur des valeurs fragiles. Je vous en supplie, dites-le, chuchotez-le au moins.