Il est piquant de constater combien la droite commence à faire semblant de se déchirer sur la question du mariage pour tous.
On ne peut qu’observer l’effet miroir que la question générale de l’alliance durable en terme conjugal vient percuter sur l’alliance durable en matière politique.
Et s’il était question de l’entre soi, d’une certaine forme d’endogamie, un espace super cadenassé ou se reproduit un pouvoir, une autorité, des privilèges, une place dans des conditions de hiérarchie sexuelle immuable confrontée à une contradiction majeure, un libéralisme effréné qui vise à son extension continue et universelle.
Dans la guerre du triomphe économique du laisser-faire, au campement, la cantinière ne s’appelle pas Mère Courage, elle s’appelle Manif pour tous. Sur les décombres de toutes les misères, elle vient à coup de goupillon, nous refourguer et préserver son ordre moral.
Il faut reconnaître au catholique missionnaire sa grande capacité à remplir les bus après la messe, à occuper avec volupté les places en vis-à-vis, grâce à sa frénésie reproductive guidée par le divin qui sait distinguer le bon grain de l’ivraie et qui saura les récompenser.
Au fond, aérer vertigineusement par la compétition mondiale, la dégénérescence convulsive, mauvaise et hargneuse de gens qui défilent pour leur gueule, pour leurs préjugés est une opération d’excellente police et d’excellente convivialité. Le jour venu, on les retrouve attablés au même banquet, copains comme cochon en train de mettre des restes dans leurs sacs en plastique consacrés pour les donner charitablement aux pauvres de la paroisse ou damnés de la terre.
Chacun a sa place et les vaches seront bien gardées.