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Billet de blog 10 avril 2013

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Le sacrifice comme outil du marketing politique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Plusieurs événements concourent aujourd’hui au discrédit du politique : la crise comme vecteur d’inefficacité, les scandales comme vecteur d’escroquerie, la vénalité généralisée comme vecteur de pied de nez.

En l’absence de théocratie, quelque chose qui viendrait nous dire que ce serait  Dieu qui l’aurait voulu, que l’homme est faillible, la république s’est cherchée  depuis le départ un sens commun qui fait lien et qui transcende : les souvenirs scolaires de la fête de l’être suprême, le 20 prairial An II même s’ils se parent aujourd’hui de quelques mites, ont gardé une force insoupçonnée. Comment appréhender  cette bizarrerie où les citoyens  acceptent de ne pas se soumettre à des hiérarchies et à des traditions et se considèrent comme des égaux en interrogeant le bien commun ?

On aura compris la tentation d’un divin laïc, un espace pétri de nobles valeurs ou des êtres, les élus distingués du vulgaire vont au-delà d’une représentation et incarnent en quelque sorte la pureté d’une Olympe dégagée des contingences. On aurait tort de croire que cette vision est simplement une option de vérité car elle impose un clivage déterminant : le sacrifice et le triomphe.

  • Double sacrifice d’abord : l’homme ou la femme politique sont des sacrifiés, ils échappent  au normal (bien que certains disent le contraire) dans la mesure où ils ne parlent  pas à des humains mais à un groupe humain. Ils sont ensuite réellement sacrifiés s’ils dérogent à leur sacerdoce (Cahuzac est le vilain petit canard du moment)
  • Triomphe ensuite, le héros gagne ou perd : il est l’écho d’un combat, l’onde de choc de l’opposition primitive.

Mais, c’est bien  en ombre portée qu’un autre enjeu apparait singulièrement masqué : celui de la démocratie participative ; en effet, plus nous acceptons la délégation, l’incarnation et plus nous déplaçons le comportement de nos petits héros du côté du sacré et tout cela semble bien prétentieux, bien dépassé aujourd’hui. Ici, nous en avons fini avec l’affrontement ultime avec l’obscurantisme, les contours se sont pacifiés, banalisés au point ou nous avons envie  de leur dire « Arrêtez de nous vendre votre sacrifice, arrêtez de nous emmerder avec  votre abnégation, faites votre boulot » et soyons plus conséquent collectivement en ne fabriquant pas de saintes marionnettes intouchables qui ne manqueront pas de placer leurs économies de sacrifiés dans les paradis défiscalisés.

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