On a souvent considéré qu’il y avait une conjonction d’événements nécessaires pour que des régimes fascistes soient en mesure de prendre le pouvoir : d’abord, la montée de la pauvreté et de la misère, mais il faut qu’en parallèle soit présent un sentiment d’humiliation et d’injustice (une revanche à prendre) sur des adversaires clairement désignés. La mayonnaise ne prendrait pas s’il n’y avait en prime : l’exaltation d’une fierté grégaire, la valorisation des inégalités et la conviction que les peuples proches et lointains sont des ennemis inférieurs quand ils ne peuvent pas entrer dans la sainte famille.
Mais n’oublions pas non plus un critère essentiel, celui le temps : le fascisme n’arrive pas brusquement : il a besoin d’un certain temps pour s’installer à la manière d’un poison insidieux qui envahit lentement les esprits, il a besoin de l'échec des autres forces politiques.
L’union européenne est en train de préparer assez magnifiquement l’émergence de nouveaux fascismes (totalitarisme, corporatisme, nationalisme) dont on peut penser qu’ils prendront d’autres formes que celles incarnés par la figure des monstres (Hitler). Les fascismes d’aujourd’hui semblent potentiellement tribaux, diffus, quotidien
La souffrance du peuple grec, l’émergence de forces de répression super équipées, le droit pour les parlementaires grecs d’être armés augurent mal d’un retour de la démocratie et j’espère que, devant l’histoire, toutes les forces qui ont contribué à ce désastre devront rendre des comptes.
On peut imaginer que le marché totalement débridé et financiarisé s’exerce dans l’espaces des seules rentabilités actionnariales et que le reste soit livré à ces ordres nouveaux. Une société compartimentée au maximum avec un peu de toile mondial pour se payer du frisson.
Les fascismes new âge n’ont pas besoin d’une prise de pouvoir global, il suffit qu’on les laisse travailler avec bienveillance dans des lieux de concurrence entre les exclus et les exploités : appelons cela milice, chasse à l’étranger, fermeture des espaces, hiérarchie dans les organisations de protection, mafia. De nouvelles violences ultimes mais pas revendiquées, banales, implicites, dans le jardin des autres, pas dans le sien. Une façon de traiter les problèmes avec bons sens, silence et l’efficacité.
Que dire si notre seul objectif commun est un déficit public à 3.7 % ? Les loups peuvent entrer dans Paris.