Au final et toutes choses étant égales par ailleurs, le résultat des courses de l’article de Closer, relatif à l’homosexualité de François Philippot peut s’énoncer ainsi : le Front National est un acteur de la démocratie, on doit le protéger.
Très beau résultat paradoxal quand on sait l’ardeur verbal du militant de base à éructer du pédé, du niakoué, du bicot, du crouille, du banania.
Plus intéressant s’avère le déplacement vers la presse people du délit liberticide, on était plus habitué aux excès de Minute, de journaux politiquement typés qui traitent à la lettre, leurs adversaires idéologiques comme de la merde.
Là, le ressort universel de cette presse de salons de coiffure, de halls de gare et de longs voyages requérant la légèreté de l’esprit semble frapper d’ignominie. Quel est –il ? L’homme public, la femme publique ne sont pas les héros espérés mais de banaux humains pris dans les affres du trivial des besoins existentiels et des problèmes d’apparence.
Mettre à jour la honte avec le ressort du dévoilement d’un secret et l’adage que s’il ne l’a pas dit, c’est que c’est louche, voilà la recette dont nous sommes frappés qu’elle apparaisse comme vraiment nouvelle, l’extase de mes grands-mères devant la beauté de Giscard et ses infidélités de bel homme (selon elles) datent un peu. ICI PARIS, France Dimanche, Point de Vue (plus chic), Gala, Voici, Closer, que d’atteintes insupportables à la liberté !
Ainsi donc, Mylène Farmer a de la cellulite, l’enfant de Claude François souffre d’une maladie rare, Orphée a trompé Eurydice avec un eunuque des enfers, Valérie fait chanter François, on a vu le cardinal tituber à la sortie de l’office et le FN en est de la jaquette.
A cet endroit journalistique, s’opère le doux mélange de la répulsion (non, mais quel porc ou quelle salope, celui-ci, celle-là) et de l’amour (avec ce qu’il doit subir, il mérite pitié et compassion), petite symbiose à deux euros la semaine qui nous fait brasser de l’émotion par procuration et nous met au niveau des plus puissants. Méchant, gentil, aimant, haineux, à ce prix-là, l’émotion n’est pas chère payée et l’ordre du monde intact. En effet, la dignité des petits est grande en face de l’immoralité des stars.
Closer est une cible tout à fait inoffensive, donc privilégiée qui assume ses turpitudes avec la naïveté d’un enfant sage et qui sait être récompensé d’un gros bonbon après l’orage. J’ai entendu leur argument profond du droit à la peoplisation universelle et j’en suis resté baba sur le plan conceptuel. A une époque de totale transparence, de flicage généralisé, de couvertures racolant l’audience, on ne peut que s’étrangler d’indignation devant l’atteinte à la vie privée. Closer paiera ses 10 000 euros de dommages et intérêts et multipliera ses ventes par cinquante, le dirigeant du FN y aura gagné un capital d’empathie et de respectabilité. Tout va bien, les affaires continuent et les apparences du politiquement correct seront sauvées.
La face cachée de la lune, c’est encore la lune et ça tourne merveilleusement bien surtout quand elle a la saveur d’un secret de famille, le papa rassis a un bel avenir devant lui.