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Billet de blog 16 septembre 2014

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Confiance : l’abus nocif de langage

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si les actes humains se proposent comme une violence démesurée, les mots portent une cruauté décapante.

Ainsi donc, le mot du jour est confiance, après, hier, le déferlement guerrier de la liberté.

Confiance, confiance ? Voyons donc les définitions du dictionnaire Robert, celui qui ne mâche pas ses mots ; proposition numéro 1, espérance ferme, assurance de celui qui se fie à quelqu’un ou à quelque chose ; proposition 2, Sentiment qui fait que l’on se fie à soi-même ; proposition 3, sentiment de sécurité dans le public.

Bon, voilà, ça s’est fait. On pourrait dire que le verbe qui accompagne la confiance est relativement important ; il faut l’accorder, la voter, la refuser comme quoi la confiance, ce n’est jamais gagné d’avance. À cet endroit, son pendant diabolique est le mensonge. Mentir, c’est rompre le lien.

La confiance apparaît dans un monde lointain, un travail sur l’absence, la connivence et l’affection. La racine qui confie qui dépose et qui rend dépositaire est un premier signe donné à l’autre. Mais, cette condition n’est pas suffisante, la confiance n’est pas pipelette, elle se tait beaucoup, n’a pas besoin de s’agiter pour exister. Dans l’ensemble des plans complexes et contradictoires qui constitue nos existences, la confiance tisse un fil d’évidence et de sérénité. La confiance, c’est comme la peur, quand on la teste, c’est qu’on a les pieds dedans, empêtre, emmêlé.

L’actualité tragique de la confiance démontre une position figée sur du papier tue-mouche. Cette façon de l’invoquer, de la hurler nous informe de son obsolescence.

Mais, de quoi est-on surpris ? À l’heure des confidences post-oreillers et des SMS qui tuent, confiance ? À l’heure des promesses mortes au champ d’honneur de la manipulation, confiance ? À l’heure des grandes misères transformées en euphémismes managériaux, confiance ? À l’heure d’une communication qui étrangle les colères, confiance ?

Et on en arrive au farfelu d’une conclusion ; la fronde de la confiance va s’abstenir (tenir éloigné) ; se tenir éloigné de la confiance est bien sur une façon de l’éviter, un peu comme si, invité à jouer aux billes, le frondeur disait qu’il avait prévu d’aller à la plage.

Généralement, s’il faut la gagner, la mériter, la confiance ne survit pas longtemps à l’abstention. 

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