C’est très déstabilisant la télé : un type qui parle de sa part d’ombre dans un endroit ou il n’y en a jamais : un plateau de télévision. Visage rigoureusement lisse, redressé par le maquillage, la lumière qui prend son bain de soleil. J’ai bien entendu « part d’ombre » ou j’ai rêvé, il n’a pas dit « chacun a sa part du gâteau », non ? Il me semblait que c’était un poil mis en scène (cadrage, couleurs, ton, solennité)
Je ne devrais pas, mais comme il n’a pas dit « Jérôme a dit » comme « Jacques a dit », je ne l’ai pas cru une seconde sur sa vérité nouvelle et cathodique.
Petit exercice d’expiation à l’intention des populations outrées et des copains qui aimeraient bien se sécher (ils étaient en effet bien mouillés), c’était beau comme une comédie : reconnaissance de la faute, regrets, exil politique et petit détail : ce n’est que moi, c’est tout moi, ce n’est pas les autres. Et n’allez pas chercher ailleurs que quelques millions et en Suisse. Le lacrymal crocodile bride notre voyage aux lisières de la Confédération helvétique, les paradis exotiques sont fermés à notre imaginaire excessif : penser un instant que des laboratoires pharmaceutiques puissent se comporter comme des gougnafiers maffieux, mais c’est inimaginable, la preuve, SERVIER a eu la Légion d’honneur. La chronicisation du malade oblige à lui coller des potions pourries et c’est pareil pour le citoyen.
Jérôme, tu sais que personne ne te croit et je l’ai vu à tout petit sourire qui ne t’a pas quitté. Le Mensonge, c’est ta vérité, c’est ton petit plaisir. Tu mens comme tu respires et tu n’étais pas en détresse respiratoire.
Cette brillante prestation aura permis de fixer une image aussi idéale qu’elle est trompeuse : je suis un moins que rien dit le traitre et pouah, caca, disent les autres qui prétendent ne pas l’avoir écouté tellement ça leur donnait envie de vomir.
Et enfin, rassuré, le méchant étant devenu gentil, les gentils étant toujours gentils, je suis allé me coucher dans cette nuit tranquille de bisounours et de chamallows.