Formidable, la cinquième république, version Hollande ! Nous sommes bercés par l’expertise sévère et implacable des druides de la haute fonction publique ; on s’occupe de nous. C’était un peu décevant que, seule, la commission européenne nous indique la voie glorieuse vers le néo-libéralisme, aidée quelquefois par Madame Lagarde, grande prêtresse de l’arbitrage qui permet aux gens qui se connaissent bien de s’arranger entre eux. La démocratie étant aux génies technocrates, ce que la graisse d’oie est au beefsteak haché, nous bénéficions pleinement de l’aiguisé, de l’ascétique, du sans gras de notre bonne dame patronnesse un peu SM, la Cour des comptes !
Bon, n’ergotons pas, Nicolas premier connaissait beaucoup de monde, aimait sa famille (notamment son frère bien placé dans le champ de la prévoyance privée), Hollande connait tout le monde depuis longtemps et Didier Migaud, girouette politique notoire dont la plus imperceptible brise lui permet de se diriger avec une élégante discrétion vers les sommets du pouvoir s’occupe de notre santé. Tous ensembles s’il vous plait : Au secours !!!!
La Santé pour nous, pauvres mortels ignares, c’est une fragilité du corps ou de l’esprit. Erreur fatale. Le sphinx Didier nous dirait : qu’est-ce qui coute cher quand on est jeune, ne s’arrange pas avec l’âge et devient franchement indécent juste avant la mort ? Ou bien autre version énigmatique : la courbe statistique s’éloigne du cout convergent et marginal validé par le traité européen de maitrise des dépenses. Normalement, vous devriez être instantanément guéri. La Cour des comptes, c’est la grotte de Lourdes après Bill Gates.
Petit aparté badin: c’est vrai que les politiques et les hauts fonctionnaires vivent vieux longtemps et en bonne santé, ils peuvent ainsi faire travailler les autres plus longtemps et on ne se rend pas assez compte de la pénibilité de la chose.
Blague à part, si Nicolas a nommé Didier à la Cour, vous pensez à une récompense désintéressée ? La validation d’une compétence ciselée ? Ça ne ressemble pas trop à Nicolas, ça. Hypothèse folle : Didier est là pour rendre service non pas à Nicolas, mais aux intérêts qu’il incarnait à l’époque. Cette Sécu, mais quel calvaire alors que de juteux marchés pour les assurances privées sont à défricher !
Résumé de l’opération : l’expert gourou sociétal, dont l’effrayante neutralité factice éblouit, nous fait sans aucun contrôle démocratique son diagnostic : la catastrophe. Pour nous permettre au moins de survivre, l’expert gourou fait son ordonnance : dérembourser l’optique. Troisième suggestion du haut fonctionnaire dont l’estomac est retourné quotidiennement par les inégalités dont les faibles rémunérations lui font chaque jour subir le poids: mais, c’est honteux, ça coute trop cher. Arrive Marisol, la bonne fée qui dit : nous ne dérembourserons pas les 15 euros sur 300, ça non. La foule : ouais !
C’est un coucou, Didier, il aime squatter les prérogatives qui ne lui sont pas dévolues : trop fort, le constat, le diagnostic, l’analyse, la préconisation, la décision, le suivi et tout pour le même prix. On se demande pourquoi on s’est emmerdé si longtemps avec le débat démocratique.
Résultat des courses à venir : un tarif miteux avec des verres épais pour pauvres avec la sécu, une vision d’aigle pour les moins malheureux avec les assurances privées. Didier, c’est l’évidence implacable du management épuré des contingences, le bonheur de la concurrence dans la santé, mais avec tact. Sauvons les apparences de la Sécu…et gobons sans rire la parole sur les déficits, l’évasion fiscale ne se soignant pas, la sécu se purge. Si les assurances privées organisent des collectes de lunettes usagées pour les miséreux, la Cour des comptes ne dira rien contre cet élan humanitaire.
Je vous conseille une séquence d’horreur sur la chaine parlementaire : le moment ou en commission, le politique interroge le conseiller. Grande séquence surréaliste, où le conseiller, bunkerisé derrière son expertise, éloigné de plusieurs milliers d’années-lumière du réel, capable d’absorber sans sourciller la misère des peuples, sourd aux faillites des préconisations passées , addicté à son méga tableau Excel vient faire la leçon au politique, nouveau déficient de la décision, en demande de solutions externes, handicapé de l’élaboration. Et c’est l’expert qui gouverne.
Je propose donc la septième république pour clarifier tout ça : un président élu tous les vingt ans et la Cour des comptes qui remplacerait avantageusement le gouvernement, l’Assemblée nationale, le Sénat, les collectivités territoriales. Les besoins de la population, l’intérêt général étant des freins à une bonne gestion et à l’équilibre des comptes, je propose que Didier Migaud informe quotidiennement par SMS la population des conduites adaptées à tenir.
Vive la république, vive la France.