Le débat sur le mariage pour tous aura introduit une nouvelle espèce d’humains : on pensait qu’il s’agissait d’opposants et on a eu tort de les minimiser, de les réduire, de les amoindrir ; en effet, la Droite, comme elle l’a répétée jusqu’à l’écœurement, incarne tout simplement et modestement la Civilisation Naturelle , la pléthore de landaus dans les rassemblements dévalant moins artistiquement les escaliers que dans le cuirassé Potemkine voulant traduire, j’imagine, l’attaque faite à la fécondité de Dame Nature. Si vous ne partagez pas leur génial point de vue, vous devenez un associable artificiel.
La position victimaire sur la privation de parole dont ils auraient été l’objet relève d’une nouvelle forme de comique médiatique moderne : la rage qui les anime quand ils n’obtiennent pas satisfaction est particulièrement visible: en effet, ils sont la Morale, le Bien (pour dire comme Renaud, ils sont une bande de vieux cons à eux tout seul)
Le débat porte bien, symboliquement, sur la question de la stérilité, de l’effondrement de la natalité et des valeurs, défendue âprement par la civilisation et la nature comme si l’imagerie du couple des années cinquante : le père, la mère du fond de leur banquette arrière était la civilisation et comme si, du fond des grottes naturelles et préhistoriques, autour du feu primitif, on entendait le souffle de la norme définitive et universelle (houba,houba, miam, miam pour faire couleur locale)
Et il faut, en effet, avoir pu randonner sur un sentier humanisé pour échapper aux sirènes de la Nature. (Rends-moi mon os, je n’ai pas fini de le ronger)
On est confondu par tant d’idioties, mais là, j’avoue avoir un peu de mal : tant qu’on a en face de soi des opposants, la parole est possible, mais lorsqu’on a en face de soi la civilisation et la nature elle-même, ça se complique un tantinet et il ne faut pas être grand prophète pour trouver là, les raisins de la violence : Quand la civilisation et la Nature sont en face de moi, si j’ai quelques différends avec la civilisation et la Nature, je pense que la sélection naturelle n’est pas très loin et que l’œuvre civilisatrice se déploie
Beaucoup de ces gens sont morts de trouille et qu’ils sont embringués dans le syndrome Rom : parler simplement à l’Autre, le considérer comme son égal, signifierait le début de sa dissolution.(et il faut bien dire que leur manque d'empathie est un peu leur marque de fabrique)
On attend donc la suite avec inquiétude quand des processus de crétinisation sont en œuvre et que l’état de nature donne le tempo, le pire peut être à venir…..