On se demande parfois si les experts économiques, superglutés des plateaux télés, parlent au commun comme à un demeuré parce qu’ils évaluent son niveau au-dessous de la ligne de flottaison ou parce qu’eux-mêmes ont besoin d’une bouée canard.
La destruction créative constitue le leitmotiv d’un certain Bouzou Nicolas, grand squatter de la Matinale et du Calvi Show. Attention, on respire, ça décoiffe : l’archaïque meurt poussé par le pied invisible, l’innovant déboule poussé par la main invisible. La promesse du bonheur du long cours se propose comme un mirage permanent, l’invisible étant le ressort magique de l’opération, l’instinct rationnel, le suc régulateur, l’économie une masturbation solitaire d’où le génie parthénogenèse
De cette bouillie conceptuelle émerge la figure en porcelaine de l’entrepreneur, petite chose fragile et sensible agressée par le collectivisme rampant du méchant pouvoir public castrateur et fonctionnarisé ; alors, laissons l’entrepreneur entreprendre, faire du fric. Grâce à son intuition incroyable, il créera la richesse, l’emploi, le carré rond.
Le dessin animé à la Walt Disney n’est pas loin, les lions font la bise aux agneaux, le jus d’ananas coule à flots, l’amputé saute au plafond, le miracle s’hologramme. Pinçons simplement un instant notre avant-bras et l’image s’évapore, l’escroquerie se dévoile, la naturalité se farde. Non, le monde n’est pas fait de cette régénération permanente, oui, l’automation généralisée change la donne, la concurrence planétaire majore l’exploitation, détruit la planète, la marchandisation du vivant alimente tous les fascismes, l’appétit de la course aux profits affaiblit méthodiquement toutes les solidarités, le pauvre se privatise (chacun le sien)
Évidement, il n’y a pas qu’une façon d’être producteur ; coopératives, artisans. La finalité du vivant peut être autre chose que faire du fric. Dans l’aujourd’hui, le conflit capital travail se radicalise. La consommation effrénée spolie le bien commun. En un mot, en un seul, l’économie est le reflet exact d’une domination cruelle. Étonnant comme ces vendeurs de rêves libéraux sont en cécité par rapport aux catastrophes exotiques comme le Bangladesh (c’est de la faute à l’invisible) comme la norme les urticaire, comme les salaires minimum les font suffoquer !
Et on voit à quel point ce discours frise la débilité quand il s’agit de filières industrielles, la niaiserie libérale atteignant là des sommets, quand sont mobilisés le territoire, les complémentarités, le long terme, le développement durable, l’indépendance «nationale ». Hélas, pour Nicolas, Kem One n’est pas un problème de Géo Trouvetou, c’est une escroquerie en bande organisée.
Le libéral cul cul et microéconomique traite de l’activité globale comme de l’innovation du fil à couper le beurre automatique : laissons ces grands enfants jouer avec leurs voitures miniatures.