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Billet de blog 20 juillet 2011

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Et si le Samu social était volontairement mis en faillite

Les politiques publiques ont cette particularité d'être souvent opaques : pas totalement, mais au moins à un niveau, celui du lien qu'il existe entre la décision concrète et ses répercussions sur le terrain. L'ETAT en surjoue de différentes manières :

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Les politiques publiques ont cette particularité d'être souvent opaques : pas totalement, mais au moins à un niveau, celui du lien qu'il existe entre la décision concrète et ses répercussions sur le terrain. L'ETAT en surjoue de différentes manières :

  • Soit en restant sur un plan d'abstraction tel qu'il ne produit un discours que sur une fausse réalité lointaine, dégagé de toutes contigences ou conséquences. La réduction de la "dette" en constitue une parfaite illustration : démolition du service public, sacage des services rendus à la population sont soigneusement baillonnés autour d'un discours sur la soi-disant "faillite"
  • Soit en laissant entendre que les mécanismes de décision relévent d'une logique propre sans lien avec des choix précis : la machine autoproduirait des baisse de financements par exemple par le biais d'un indicateur glissé dans les rouages.

Particulièrement visible aujourd'hui, cette fatalisation des diagnostics a pour conséquence de mettre à mal l'idée même du "politique" : nous serions pris dans un engrenage, qui nous laisserait muets, inertes, les élus n'incarneraient plus que des images et la finalité même de l'action publique ne serait plus d'assurer le lien social, la réunion d'une communauté solidaire et diverse.

A l'heure ou la xénophobie rampante reprend du poil de la bête immonde, il me semble important de dire que les difficultés du Samu Social parisien ne relève pas du hachoir administratif mais bien d'une volonté politique. Le Samu Social prend en charge (mais quelle horreur) des personnes et familles parfois sans papiers , parfois étrangères, beaucoup de personnes qui échappent à toutes les cases administatives, qui ont surtout la nécessité de se lever tôt le matin non pas pour aller bosser mais pour assurer leur survie.

Vous aurez compris que, dans le racisme larvé des pensées comme celle du sinistreClaude Guéant, l'argent public ne doit pas servir à financer de pareils choses (en plus, ça les encourage, ça les fait venir, pense--t-il)

Administrativement, cette décision est incompréhensible : une énorme ligne budgétaire finance pêle mêle des point Ecoute Jeunes , d'autres actions et l'argument qui est donné à ces structures pour justifier des baisses de budget consiste à énoncer une priorité pour le logement social d'urgence........

Les administrations sont très lâches : elles ne diront jamais, c'est un choix politique pourtant c'est évident mais les apparences seront sauves et il y aura même une justice administrative pour valider ces errements.

Pour qui a le souci de l'avenir de nos enfants, si ces décisions déchargent de nos pulsions mauvaises, elles vont à plus long terme envoyer notre bus social dans le mur, tant la chosification de l'autre, le mépris, l'absence de solidarité, la désignation de l'autre comme un ennemi ne peuvent que nous blesser profondément et nous délier

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