Pierre Avril (avatar)

Pierre Avril

Abonné·e de Mediapart

240 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 juillet 2014

Pierre Avril (avatar)

Pierre Avril

Abonné·e de Mediapart

Palestine, le discours qui ment, la parole qui protège.

J’avais participé à l’avant-dernière manifestation de soutien à la Palestine. Le cortège lyonnais était grave,imposant, multiple. Il portait une indignation essentielle. Il disait des choses simples de la dignité et du refus de l’horreur, du respect des enfants.

Pierre Avril (avatar)

Pierre Avril

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’avais participé à l’avant-dernière manifestation de soutien à la Palestine. Le cortège lyonnais était grave,imposant, multiple. Il portait une indignation essentielle. Il disait des choses simples de la dignité et du refus de l’horreur, du respect des enfants.

Il y a des colères plus grandes, mais les paroles de Manuel Valls sur ce mouvement m’ont franchement exaspéré. Cette façon lyrique de tout mélanger, d’assimiler chaque manifestant à un antisémite de bas étage relève de la manipulation la plus abjecte. Cette façon de se poser en parangon de barrière contre l’extrémisme a dans sa bouche les accents les plus détestables de la mauvaise foi. Notre Premier ministre a l’émotion sélective, le Rom peut pourrir sur pied, mais la marche pacifique est une atteinte à la république, une apologie du terrorisme.

Je précise : je suis blanc, vieux, laïc et athée. 

On en vient vraiment à désespérer de la représentation politique et du fonctionnement de l’ÉTAT. Il semblerait que le modèle de gouvernement soit d’aligner trois phrases creuses et générales qui affirment trois bouts d’évidence sécuritaire sans aucun lien avec une quelconque réalité humaine. Cette posture produisant un effet délétère et s’avérant parfaitement inopérante, elle renforce un sentiment d’insécurité qui en réaction accélère le déferlement des mille bouts d’évidence sécuritaire, lesquels creusent toujours un écart grandissant avec la possibilité de répondre aux problèmes posés. L’affirmation du courage en politique est généralement le signe de sa plus grande lâcheté et de sa frénétique fuite en avant.

On nous propose une analyse sur le mode du  jeu de quilles alors que les faits tiennent davantage du billard à trois bandes, mais il s’agit d’apparaitre médiatiquement aux taquets, le premier à la télé, le plus blanc que blanc, le plus droit dans ses bottes et signifier aux ordres établis qu’on ne va pas leur faire de problème, lors des prochaines échéances. Tout cela n’a que peu d’importance, la fièvre émotionnelle de la catastrophe suivante nettoie la scène pour la prochaine répétition.

Nous devons subir aujourd’hui de purs produits marketing dont Manuel Vals est un éminent représentant qui compose un rôle, mélange surréaliste de Père Fouettard, de garant des libertés abstraites et d’agent de développement des inégalités locales et planétaires. Ils ont été élevés en laboratoire, dans des atmosphères confinées, restreintes. Ils débitent une langue codifiée, policée. Ils appellent souris, les éléphants, terroristes, des enfants jouant sur une plage.

Opportunisme et distance abyssale au terrain caractérisent ces nouveaux dirigeants qui pour ne rien gâcher font les délices d’un parti comiquement dénommé socialiste. Rassurons-nous, les frondeurs vont les faire trembler.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.