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Billet de blog 24 septembre 2014

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GPA : chic ! La langue de Belzébuth a fait couiner l’ange.

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Il faut bien le dire, la gestation pour autrui sonne mal. Elle fait insémination bovine. Dans l’enfer des fantasmes, elle concentre sur elle toutes les malédictions, l’homosexualité, la vénalité, l’immoralité. C’est un produit de choix pour vendre, en miroir, une reproduction religieusement sainte, l’idée de famille immuable et hiérarchiquement acceptable. La relégation des impures joue à fond la caisse dans la mesure où leur prétention exorbitante à relever du normal ne les délivre pas de leurs fâcheux penchants. Il manque un poil de Dieu dans tout ça (j’ai dit de Dieu, ce n’est pas pareil, il est sacré) et un air d’ordre en déshérence.

Comment une technique médicale peut-elle à ce point bafouiller une morale improbable ? Dans toutes les techniques, il y a des dérives et des abus : l’abus du marchand, l’abus de marchandise, l’abus de la qualité, mais quand même. On se rendra vite compte que dans le champ médical, toute technique génère des potentialités insoupçonnées de dérive financière et éthique de la faiblesse érectile à la mollesse du fessier, de la prolongation du neurone à la chasse à la ride, du cheveu perdu à l’audition retrouvée.

Mais la marchandisation du corps humain s’avère aujourd’hui strictement égale à la gestation pour autrui. Si vous cherchez le sommet de l’horreur, vous l’aurez ici. On sortira rapidement l’excuse pour gommer le fait que les maltraitances et les abandons d’enfants préexistaient à l’arrivée de cette proposition pour interroger le terme fatal de marchandisation. L’arrivée d’un enfant pour une « famille normale » est évidemment le lieu parfait de la gratuité, du don de soi. Dès qu’il est conçu, l’œuf accompagné de ses géniteurs décolle, grâce à une armée de cigognes de la planète terre pour accoster au pays de cocagne de la gratuité des vêtements, de l’alimentation, des transports, des soins s’impose. La gestation d’un enfant normal est, nous le savons tous, la survivance du paradis perdu. A l’heure ou toutes les structures de soins doivent justifier du dépassement honteux de chaque capuchon de stylo, nul doute que la santé se bouche le nez de tant de vénalité, de froid calcul.

Et puis, les enfants naissent, ils sont là, de chair et de sang, vrais. Moi qui suis un vieux radoteur, je viens exceptionnellement saluer la décision de la Cour de cassation de stopper le cycle infernal de la production d’inexistants, d’apatrides, de sans-papiers, les enfants nés d’une GPA à l’étranger. On peut les adopter, ils ne sont plus frappés du sceau d’une malédiction imbécile et j’en suis juste content.

Pour éviter une chasse systématique aux sorcières, ne pourrait-on pas postuler que la marchandisation du corps humain et moins le passage obligé d’une technique particulière, mais le résultat d’une intention économiquement malsaine sur l’autre. Je ne crois pas que le recours à la GPA soit le synonyme de marchandisation.

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