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Billet de blog 25 août 2013

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Le Front de Gauche : guerre et paix

Je ne crois pas me tromper en disant que beaucoup d’adhérents et de sympathisants du Front de Gauche sont portés par un mouvement de la nécessité : le constat de la faillite d’un système, l’envie de construire l’humain d’abord, c'est-à-dire une proposition politique de liberté, d’égalité et de fraternité, un refus de marchandiser l’homme, d’en faire un objet de rentabilité.

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Je ne crois pas me tromper en disant que beaucoup d’adhérents et de sympathisants du Front de Gauche sont portés par un mouvement de la nécessité : le constat de la faillite d’un système, l’envie de construire l’humain d’abord, c'est-à-dire une proposition politique de liberté, d’égalité et de fraternité, un refus de marchandiser l’homme, d’en faire un objet de rentabilité. Ce postulat s’appuie aussi sur l’indigence des offres électorales actuelles : des partis épuisés dont le discours sonne faux, dont les mots errent dans le non-sens convenu, dont l’euphorie surjouée exprime essentiellement la jouissance de se vautrer dans le pot de confiture.

C’est ça, je crois, notre lyrisme et nos faiblesses, notre ambition et nos difficultés: une certaine forme de gratuité sans trop de calcul tactique, mais bien sur, c’est casse-gueule parce que, avec les réserves théoriques qui s’imposent, la politique, c’est la guerre ; non pas une guerre apocalyptique, mais une guerre d’occupation, de positions. Disons que pour l’instant, nous sommes les princes de la guérilla, les maitres du harcèlement, nous réussissons quelques belles opérations ponctuelles. Reconnaissons l’énormité de la tâche : dans notre système dit démocratique, ce n’est pas le fruit qui est pourri, ni l’arbre fruitier, mais le verger. De l’autre côté du miroir, la perspective du soir, du grand soir, de la lumière jaillissante, des avant-gardes éclairées, du jardin d’Eden nous faire fuir comme la peste : on connait trop les vertus totalitaires d’accaparer la vérité sans débat. Les municipales arrivent, les Européennes arrivent, et qu’est ce qu’on fait à part ramasser les fruits pourris par terre ?

Donc, ce n’est pas en termes d’affirmation, mais de question et de tâtonnement que la question de notre rapport au pouvoir se pose avec un double écueil : celui de la simplification rhétorique (on serait trop malin, mais tout seul) et celle de la compromission (on va quand même bouffer au râtelier de l’ignominie, mais on maitrise)

Il est urgent de dépasser la tragique contradiction  de l’ermite et de l’esclave, en essayant d’approcher, sur le curseur de l’acceptable, ce qui est carrément irrecevable, ce qui fait rupture avec nos valeurs.

On pourra d’abord considérer une certaine temporalité : tout ne s’inscrit pas dans la seconde qui suit. On pourrait dire ensuite : il n’y pas de la génération spontanée, il y a de l’histoire, beaucoup d’histoires, des grandes, des petites, il y a des territoires, il y a de la diversité. Je suis adhérent du Parti de Gauche et à  ce titre, ennemi de toute alliance locale avec le parti socialiste, mais je ne veux pas traiter cette question comme un commandement divin. Il s’agit d’un choix politique qui appelle débats, analyse, discussion. Je voudrais souligner mon aversion à traiter cette question à la hauteur de ne pas avoir du sang sur les mains, une sorte de pureté de blanc plus blanc.

Je fais ce choix parce que je ne souhaite pas traiter les gens qui ont bossé dans des équipes municipales comme des pestiférés potentiels qui viendraient nous contaminer : il y a eu de l’investissement et du boulot, respect et débat sur la suite. Pour ma part, je pense que la situation est inédite et que la participation à des listes avec les socialistes pose un vrai problème.

il ne faudrait pas oublier également une partie du territoire, les microscopiques communes de moins de 3500 habitants ou des militants concrets engagés font avancer le schmiblick, cohabitant avec les sensibilités les plus acrobatiques. Je n’ai pas envie de jouer aux coupeurs de têtes.

Dernier point : nous ne sommes pas des super héros ; le positionnement de certains de nos élus sur la question rom ne nous honore pas. À mon petit niveau, j’appelle aussi à conserver une certaine dignité critique.

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