Les magnifiques virtualités, les enivrantes images de synthèse, le bonheur consumériste vendu à tous les étages, le jeu comme idéal de vie, la représentation et le faire semblant peinent à masquer le trivial et le malheur des hommes sur des terres stérilisées, sur des scènes où se nourrir et se survivre relèvent de l’improbable, où les enfants ressemblent à des vieillards, mais ou l’Occident troue la coque des bateaux en partance vers nous.
Notre cher président qui aime trop les pauvres était allé vendre à la Grèce les fruits de la privatisation. Comment les comportements du vautour peuvent-ils étayer quelques années plus tard les larmes du crocodile ?
Quand il faut pleurer les morts, il vaut mieux les pleurer tous. Interrompre sadiquement une marche naïve dans une nature magnifiée vaut crime contre l’humanité tandis que des déluges de bombes et les actions les plus noires des gavés de la terre valent œuvres civilisatrices.
Car tout tourne autour du droit à une vie paisible qui devrait être un privilège de l’occident élu. Rien n’est devenu plus incertain qu’un moindre lopin de terre dont on suppute la rentabilité.
À quel endroit les déserts peuvent-ils devenir rentables ? Quand ils se mettent à produire de la peur, une peur panique, des droits du sol et du sang exorbitants. Barre-toi de mon sable, barre-toi de ma misère, mécréant échangiste. Les déserts sont de la race de cette radicalité, de cet incroyable potentiel à fabriquer violence, d’un irréductible qui nous met sous le nez l’horreur de l’égorgement et de la décapitation et quelque part son évidence de l’homme qui tue l’homme dans un rapport extrêmement singulier, non dissimulé par la technicité des armements. Un immonde quelque chose de résolu et de froid.
La menace est donc dans ces immensités, elle fuse à travers nos gares et nos métros. Et si n’importe quel autre nous tranchait la gorge en nous regardant droit dans les yeux……
Voilà, tout est dit. La littérature abonde de ces scènes qui rappellent que l’humain a la capacité de produire une pensée qui fabrique son extinction. On le voit, la fragilité déborde de toute part, dans des mouvements d’animalisation, d’objectivation, de jouissance et de perversité. Le bonheur n’est pas une nature, il est une alliance, une précaution et un vouloir.