La dette a une forme ; elle est creuse et ce creux a un nom ; c’est un trou, un trou qui se creuse.
Creuser sa tombe, c’est rembourser sa dette en s’enfonçant toujours plus. L’enterrement fait principe pour redevenir quitte. La faillite se chante en hymne chez les vautours.
Il y derrière le Grec une petite musique qui persifle une altérité de roublard. Le sud évoque une certaine forme de résistance passive au travail, une allergie à l’Etat, un honneur de la combine, quelque chose qui viendrait tirer les poils de la barbe des vérités comptables. Que des esprits chagrins lui fassent payer l’archétype à la pioche relève la sentence de la petite dose de sadisme de l’usurier.
Mais, comme on dit, au fond du trou, on ne compte plus.
En effet, la dette a bien changé. Respectée, réservée, protégée, il y a peu, elle est devenue un tripot, malheur aux banques tripot.
Le bon prêteur ressemble plus à un arbre à fruit, qui fait les passages, remplit les ornières, s’arme de patience. L’usurier ne perd pas de temps et voit dans l’endetté un esclave à sa main qu’il détruirait le cas échéant.
Les dettes d’Etat ne sont pas des usures. Leurs fluidités gagent que le jeu continue, que les échanges échangent, que la partie ne finit pas. Donner, recevoir, rendre, la durée donne sens à la circulation. Il se peut que le donneur soit parfois un peu exubérant, un peu imbu de lui-même mais jamais, il ne veut faire rendre gorge.
L’Europe est une sale usurière, mauvaise et hargneuse. Il faut d’urgence lui apprendre les retenues.