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Billet de blog 29 septembre 2014

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La 6ème dimension incertaine de la souveraineté et du peuple

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis un fervent partisan de l’autre gauche. Un certain souffle me soulève pour un devenir meilleur. Les mots que j’entends et que je partage ont encore l’importance d’un sens concret. 6e république comme je t’appelle de mes vœux!

Cette croyance dans la force du peuple mérite toutefois qu’on s’y arrête un instant. Le peuple n’est plus un état, mais un agrégat dynamique emporté dans un mouvement, une énergie qui peut se fédérer à un moment donné. Le retour au peuple est donc est moins l’embrasement d’un foyer éteint qu’une recherche d’un rassemblement de citoyens pris dans des situations extraordinairement différentes et antagoniques parfois. Le peuple, tel qu’on l’espère souffre de ses diversités et des concurrences. Faire peuple signifie qu’on arrive ensemble à rencontrer un intérêt commun au moyen d’un cadre qui protège et permet. Je partage l’idée que ce cadre est un préalable insuffisant s’il ne porte pas parallèlement des contenus de solidarité et d’égalité.

Mais, du coup, la parole au peuple est une aspiration limpide qui impose une clarté assez difficile à organiser. La composer relève d’un exercice assez acrobatique où il faut quitter les évidences de la médiocrité et les ravages de l’indifférenciation pour aller vers une autre rive ce qui, au départ, ne va pas de soi.

Il en va de même pour la souveraineté. Si au fond de nous-mêmes, nous ressentons bien la valeur pour le coup universelle d’une certaine amplitude à quitter la servitude, dans les faits d’aujourd’hui, l’ampleur de la tâche est toute autre. Nous sommes en prise avec un nombre incalculable de petites dépendances ordinaires au quotidien, au plus près de nos sensations. Elles ne sont pas glorieuses, ces dépendances, mais, tout en jouant pleinement le rôle d’emplâtre sur une jambe de bois, elles font croitre un sentiment béant de peur et de vide. Et collectivement, nous sommes pris dans l’impasse d’un sentiment d’improductivité collective doublé d’une défiance totale, face à ceux qui devraient nous représenter.

La sixième république est nécessaire. Elle trace un chemin fécond. Elle n’est pas non plus le chemin historique, tracé d’avance vers lequel nous convergeons. Elle reste un possible, amendable et discutable. Elle nécessite de retrouver une compétence de débat, une aptitude à avancer dans un océan d’obstacles. Elle requiert du lâcher-prise et de la patience.

Changer de république, c’est énorme.

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