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Billet de blog 31 janvier 2013

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Le cas du C ou il faut sauver le soldat médecine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S’il est bien une chose à laquelle il ne faut pas s’exposer sans encourir des foudres titanesques  et subir la vendetta, c’est parler du corps médical et de ses carences lorsqu’on n’est pas médecin, ni paramédical. (Mais rendons justice à la science que le malade est parfois chiant et même parfois inconsidérément  malade)

Quand on est usager, on bénéficie  d’une présomption d’égarement, liée au mieux à son ignorance, au pire,  à un ressentiment : on remarquera une première difficulté puisque est agité soit l’argument de science inexacte et donc faillible, soit l’argument d’autorité, du spécialiste qui ne peut se tromper. Donc, en fonction des contextes, sera manié avec grand talent le concept de faillibilité infaillible ou son contraire l’infaillibilité faillible.

Le milieu (on peut penser qu’il porte bien son nom parfois) présente une défense justement infaillible : il se targue d’une vraie bonne évidence,  il soigne …..Et c’est difficile à surmonter parce que comment critiquer ceux qui soignent, ce serait comme ne pas vouloir le bonheur ou manger les pissenlits par la racine

La première chose honnête que je dois dire et probablement la seule, c’est que le métier de médecin est un métier qui apparait comme un sacerdoce. Mais je suis vraiment un amateur parce que je pense qu’il faut se départir du sacerdoce et poser que ça dépend : le médecin de quartier, de famille et l’ultra spécialiste en troisième couche du truc que même pas le commun des mortels sait qu’il a dans son corps (ce n’est pas la même nature de sacerdoce).

Non, au-delà de la qualité ou des défauts individuels, ce qui frappe au 3ème millénaire, c’est la nature féodale de l’organisation en œuvre : pour paraphraser maladroitement Georges Duby, l’organisation ternaire qui fait que le  laboratores  suent et produisent  grâce à l’appui moral et pastoral  des oratores et la protection  des bellatores

Appelons donc laboratores les médecins de terrain, de première ligne pour reprendre une phraséologie de réduction des risques, appelons oratores, les chefs de cliniques universitaires, et appelons bellatores, l’industrie pharmaceutique. On remarquera qu’en féodalité, les oratores et les bellatores se tirent la bourre, se disputent de le pouvoir  et l’analogie avec le présent ne parait pas tout à fait idiote.

Parce que, quand même, on nage avec bonheur ou malheur dans un certain marigot : les divers scandales liés à des médicaments inadaptés, le désert médical qui avance, les difficultés de l’accès aux soins montrent  une situation moins glorieuse que les noblesses du statut affichées.

Bien sur, il ne viendrait à l’idée de personne que l’exercice de cet art ne relève pas d’une méthode sure, de hiérarchies reconnues mais quand même, à l’observateur lointain, la formation médicale apparait comme une démence sélective dont on peut penser qu’elle va peser sur les conditions d’exercice. La question provocante de l’idiot de service est : cette course à l’échalote produit elle des soignants de qualité ? L’extrême verticalité du dispositif pose d’autres questions : quand la tête est malade, le système peut-il normalement fonctionner ? Enfin, dans la dimension peu glorieuse, des conflits d’intérêts, les contre pouvoirs sont ils opérants pour contrer les petits arrangements entre amis dont on peut penser, compte tenu du mépris ordinaire affiché pour le commun des mortels, qu’ils ne sont pas vécus par les protagonistes comme des transgressions (puisque ne relevant pas de la loi ordinaire)

Curieuse médecine, le plus souvent débordé avec la  qualité de toujours vouloir avancer mais avec des organisations  de la préhistoire : les atours de la modernité dans le château fort, quel gâchis…..

Allez, bonne santé…

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