Qu'est ce qui élargit ma vie, m'ouvre des perspectives ? Des expériences multiples, c'est à dire "la vie". Et dans ces expériences multiples, l'expérience intérieure avant tout, sans laquelle il n' y a pas d' "expérience extérieure". Dans le domaine de la littérature, les auteurs que je ne comprends pas immédiatement, celles et ceux qui conservent une part de mystére, quelque chose qui m'échappe et derriére quoi je peux m'échapper à mon tour. Si le livre n'est pas un ouvrage, signe d'une oeuvre, l'oeuvre d'une vie qui se vit, individuation qui cherche l'émancipation, à quoi bon y revenir ? Et s'il est inutile d'y revenir, si tout est dans la surface ou la superficie (quelque chose qui tiendrait de la couverture audiovisuelle, le "plan com.") s'il n' y a rien d'autre à approfondir, quel utilité autre que de distraction cela a-t-il ?
Mais il faudrait bien sûr, reprendre ici la notion de distraction. Se distraire. Se distraire de quoi ? Je ne prétendrai pas reprendre ce qu'en dit Blaise Pascal. Il s'agit pourtant bien de ça : se retirer de soi même, quelque chose qui signifierait que l'on cesse de s'habiter, d'une certaine maniére.
Mais si je m'échappe au lieu de me distraire, de quoi m'échappé-je, quel barrage aurai-je franchi ? Peut-être celui de la station ou du statut, du status d'écrivain ou de lecteur, de telle ou telle catégorie, étiquette, classification. "I'm not there". Il y a des ils sous le vent.