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Billet de blog 15 septembre 2011

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2. La guerre esthétique.

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"Dans l'immédiat (...) il s'agit de préciser dans quelle mesure le combat à mener contre ce qui, dans le capitalisme, conduit à sa propre destruction, et à la nôtre avec lui, constitue une guerre esthétique.

Il s'agit de lutter contre un processus qui n'est rien de moins que la tentative de liquider la "valeur esprit", comme disait Valéry, et par rapport auquel il est impératif d'élaborer une économie politique et industrielle de l'esprit. Une telle lutte ne peut être que l'expression et le théâtre d'une complexité conceptuelle qu'il ne faut pas craindre, car elle est la nature même de cette lutte en tant que lutte de l'esprit avec lui-même, dans la mesure où

...un monde transformé par l'esprit n'offre plus à l'esprit les mêmes perspectives et les mêmes directions que jadis ; il lui impose des problémes entièrement nouveaux, des énigmes insondables. (P.Valéry)

Dans cet affrontement de l'esprit avec ses propres réalisations, avec ses concrétisations et concrétions historiques, qui sont ses oeuvres juridiques et industrielles aussi bien que scientifiques et artistiques, religieuses et sociales, rien n'est simple : ce sont ces oeuvres et ces réalisations elles-mêmes qui s'affrontent et s'entredétruisent. Et c'est pourquoi, le but étant de rendre à cette lutte ses perspectives dynamiques, et afin de contenir ses tendances mortiféres, il faut d'abord lutter contre toutes les tentatives de simplifications que recherchent nos consciences elles-mêmes, spontanément paresseuses, toujours trop pressées de conclure, et dont les sociétés de contrôle, dans ce contexte guerrier en quoi elles consistent, exploitent cette paresse naturelle.

L'affrontement de l'esprit avec lui-même dont je parle ici est donc à la fois esthétique, économique, politique, juridique, institutionnel, scientifique, technologique et industriel - sans même parler du fonds théologique dont il provient et procéde irréductiblement. Il se déroule sur toutes sortes de scénes à la fois et contradictoirement en ce moment même.

Sur la scéne du présent ouvrage, et de ceux auxquels il renvoie, il s'agit de "trouver de nouvelles armes", c'est-à-dire de les forger, et de telles armes, qui doivent être très effilèes, sont d'autant plus difficiles et dangereuses à manier. Dans le domaine de l'esprit, la forge de l'arme, que l'on nomme un concept, et la pratique de cette arme, qui est d'abord logique, ne sont pas séparables. Intégrer un concept, c'est "apprendre à vivre", vivre signifiant ici exister, c'est-à-dire à la fois penser et oeuvrer.

C'est, autrement dit, se trans-former soi-même, c'est faire de soi-même le théâtre de la lutte aussi bien que la forge."

"De la misére symbolique / La catastrophé du sensible / A l'aventure (avertissement au lecteur)" Edit. Galilée, 2005. pp 16-19

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