
Leur nom est synonyme de violence extrême. Le gang Mara Salvatrucha est l’une des organisations criminelles les plus sanguinaires d’Amérique. Face à sa croissance exponentielle, des pays tels que les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Honduras, la considèrent aujourd’hui comme la seconde menace pour la sécurité nationale, juste derrière… le terrorisme.
« Bientôt ce gang touchera des dizaines de millions de désoeuvrés de par le monde ». Le ton est alarmiste pour le général mexicain Jorge Carillo Olea. Comment pourrait-il en être autrement ? La Mara Salvatrucha, aussi appelée MS-13, est devenue une « nébuleuse » internationale, tentaculaire, qui a tracé sa route du Honduras à l’Alaska, en passant par les rues de Los Angeles et de Montréal. Avec près de 100 000 membres dans ses rangs, « le gang le plus craint des États-Unis » baigne principalement dans le trafic de drogue, la vente d’armes, le grand banditisme et le trafic de sans-papiers. Sans oublier le meurtre…
Tuer pour tuer
Plus que leurs activités illicites, on leur reproche surtout « de tuer pour tuer ». Principalement originaires d’Amérique Centrale, ces jeunes, chômeurs ou ex-guerillos pour la plupart, tatoués à outrance - un signe de leur appartenance -, ont atteint un tel degré de violence qu’ils n’hésitent pas à décapiter leurs victimes. La preuve : en 2004, au Honduras, les Maras, armés de machettes, ont massacré vingt-huit personnes, hommes, femmes et enfants, en lançant le message suivant au président Ricardo Maduro : « Attaquez-vous à nous et nous continuerons les tueries.» Au Salvador, on estime qu’ils sont responsables de plus de 16 000 homicides au cours des cinq dernières années. Et parfois, la moyenne quotidienne se chiffre à douze victimes
Enfants de la guerre
Ont-ils des circonstances atténuantes ? La violence, ils ont grandi avec. La guerre, ils ne l’ont jamais quittée. Car tout commence en 1980. À l’époque, plus d’un million de réfugiés appauvris fuient les guerres d’Amérique Centrale pour vivre le rêve américain, et une majorité d’entre eux s’installe à Los Angeles. Une fois sur place, ces jeunes, en partie Salvadoriens et Honduriens, désoeuvrés, aux prises avec une existence qui ne leur offre que misère et chômage reproduisent le modèle des gangs existant aux États-Unis, afin de se protéger contre d’autres bandes criminelles telles que les Bloods, les Crips, les Gatorz… Avec l’arrivée du crack, véritable poison concocté à base de cocaïne, tout s’accélère. Ils détiennent alors un fabuleux tremplin économique pour développer leur business.
Racines du mal
Ensuite, le train était lancé. Les gouvernements ont bien tenté de réagir. En vain. Mais surtout trop tard. L’araignée avait tissé sa toile. Alors, aujourd’hui, les autorités dégainent l’artillerie lourde pour éradiquer cette menace. Pour la première fois depuis sa création, le FBI a créé une unité spéciale dont l’unique objectif est de démanteler le gang, tandis que certains pays comme le Salvador songent à rétablir la peine de mort contre les membres de ce groupe. Néanmoins, tous ne partagent pas cette approche de la répression. « Le plus triste, c'est que je ne vois pas comment en finir une bonne fois pour toutes », explique au Los Angeles Times Ernesto Miranda, l’un des fondateurs du MS-13 qui travaille aujourd’hui à la reconversion de ces gangsters dans la vie « légale ». Selon lui, le mal est quasi-incurable : « Tant que les causes pour lesquelles ils se sont intégrés au gang, qui sont le manque de travail, d’éducation, la misère, ne disparaîtront pas, les gangs continueront à sévir. »
Des lettres diaboliques (Encadré 1)
Le mot « mara » désigne une espèce de fourmi qui dévore tout sur son passage. « Salvatrucha » vient de «Salvatrucho » qui signifie « jeune combattant salvadorien ». Quant à l’origine du nombre 13, il est le fruit de superstitions, dont les membres de gangs sont généralement très adeptes. Treize minutes est d’autre part le temps dédié aux rites d’initiation que tous les gangsters doivent subir pour être acceptés par les autres Maras, selon les dires d'anciens. S’il s’agit d’une fille, elle est violée par plusieurs membres du gang. Un garçon ? Il est battu au sang. Avec à chaque fois le même tarif : treize longues secondes, et parfois bien plus. Une fois le calvaire terminé, ces nouveaux soldats auront prouvé leur courage : ils seront devenus membres du MS-13...
(Crédits photos : Droits réservés, Internet)
Reportage vidéo de Gangland sur les Maras Salvatrucha
- Première partie : http://www.dailymotion.com/video/x8x6yl_reportage-gangland-ms-13-mara-salva_news
- Deuxième partie : http://www.dailymotion.com/video/x8x775_reportage-gangland-ms-13-mara-salva_news
- Troisième partie : http://www.dailymotion.com/video/x8x747_gangland-ms-13-mara-salvatrucha-roo_news