Au sommet de la francophonie, tenu récemment à Dakar, au Sénégal, le président français François Hollande a, on peut le dire sermonné les présidents africains qui s’accrochent au pouvoir, au mépris des textes fondamentaux de leurs pays. Son discours au XVème sommet de la Francophonie à Dakar, n’était pas sans destinataire. Il visait plus particulièrement quelques chefs d’Etats africains, présents, eux aussi, à ce sommet.
La chute du président burkinabé Blaise Compaoré, obligé par la rue et les militaires à céder son palais présidentiel a signé le début, de ce que certains, ont déjà appelé le « Printemps africain ». Il est vrai, d’ailleurs, que depuis le printemps arabe, les citoyens africains ont commencé à prendre conscience de la gouvernance dans leurs pays, souvent catastrophique. Des milliers d’Africains vivent sous le seuil de pauvreté et rien ne semble décider leurs dirigeants à changer leur quotidien, trop préoccupés par leur maintien au pouvoir. Ils peuvent tout sacrifier pour sauvegarder leurs intérêts et ceux de leurs clans.
Le départ forcé du pouvoir de Blaise Compaoré, « peut servir de leçon à beaucoup de chefs d’Etat, pas seulement en Afrique », a déclaré M. Hollande aux chaînes de télévision France 24 et TV5 Monde et à Radio France Internationale (RFI). « On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel », a-t-il lancé. Le président était interrogé notamment sur la situation de la République démocratique du Congo (RDC), du Congo (Brazzaville) ou du Rwanda.
« Quand on fait voter des peuples pour des Constitutions à travers des référendums, on ne peut pas les modifier impunément. Quand un chef d’Etat reste plusieurs mandats de suite, et qu’à un moment il est fixé une limite d’âge ou il est fixé un nombre de mandats qui ne peut pas être dépassé, il ne peut pas en être décidé autrement. C’est ce qui s’est passé au Burkina », a-t-il insisté.
« La France n’est pas en tutelle des pays africains »
Des manifestations populaires ont provoqué le 31 octobre la démission de M. Compaoré qui avait l’intention de réviser la Constitution afin de se maintenir au pouvoir, après 27 années de règne. M. Hollande a rappelé qu’il avait mis en garde M. Compaoré, et lui avait écrit pour lui proposer son soutien pour qu’il puisse prendre des responsabilités internationales en quittant le pouvoir dans son pays.
Interrogé sur les pays où les dirigeants peuvent rester en place sans limitation de temps, tels que le Tchad, le Cameroun, le Gabon ou le Togo, M. Hollande a estimé que dans ce cas, il fallait s’assurer que les élections soient « libres, plurielles et démocratiques ».
« La France n’est pas en tutelle des pays africains », a-t-il dit, citant comme exemple de bonne gouvernance la Tunisie, qui élit actuellement un nouveau président
François Hollande, pense certainement à la position de la France qui subit la pression des rues africaines. Le changement de comportement des Etats-Unis envers les pays qui ne respectent pas les règles démocratiques, l’activisme des ONG mondiales qui vont jusqu’à condamner les pays développés qui soutiennent les dictatures ne peuvent laisser la France indifférente. Son avenir est par ailleurs compromis par les réussites enregistrées par d’autres pays dans la région et notamment la Chine.
L’Afrique francophone n’est plus une chasse gardée de la France, qui commence à perdre de son influence. C’est dans ce sens qu’on peut comprendre cette volonté de dynamiser l’Organisation internationale de la francophonie, qui ressemble plus, aujourd’hui, à un club de lobbying qu’à une organisation proprement dite.
La France a besoin de redynamiser son rôle en afrique par le biais d'une présence active auprès des jeunes qui aspirent à un avenir meilleur.