On ne fait pas ce qu’on veut avec une mine qui brasse beaucoup de milliards et qui peut à l’occasion servir au régime politique. C’est sans doute la leçon qu’a retenu Ahmed Kalej Nkand l’Administrateur directeur général de la Gécamines, en fait ex ADG depuis le 26 juillet 2914.
L’entreprise est stratégique pour la République démocratique du Congo et on comprend bien que la décision de virer l’Administrateur directeur général vienne non pas du Conseil des ministres, mais de la présidence, elle-même. C’est Joseph Kabila en personne qui a signé la lettre de licenciement. Ce qui a suscité des critiques plutôt acerbes contre le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, qualifié de servile par une partie de l’opinion publique et la presse. Pourquoi cette affaire ? Pour la présidence, Ahmed Kalej Nkand a été accusé de « manquements graves dans l’exercice de ses fonctions ». Une accusation très flexible qui peut tout dire, comme elle peut ne rien dire du tout. Surtout que quatre mois plus tard, aucune enquête n’a été diligentée et le désormais ex ADG n’a encore toujours pas été entendu par un magistrat. En grattant un peu, on s’aperçoit que l’affaire est beaucoup plus grave. En fait, Ahmed Kalej Nkand aurait été sanctionné pour avoir justement défendu l’intégrité des comptes de l’entreprise. Selon des sources très bien informées, il se serait opposé au retrait de fonds importants en dollars de la banque de la Gécamines, la Banque centrale du Congo (BCC). L’ordre de ce retrait spécial est venu d’Albert Yuma Mulimbi, le président du Conseil d’Administration qui, avec Joseph Kabila et Dan Gertler, ont été tous accusés de vouloir détourner l’argent de l’entreprise minière.
Mais, nous ne sommes qu’au début de découvertes beaucoup plus inquiétantes. Les relations entre le président de la RDC, Joseph Kabila sont multiples et bien suspectes. Des sources rapportent plusieurs faits qui, dans un pays démocratique auraient actionné la justice et condamné les acteurs. La première affaire concerne le parc Kundelungu, accaparé par Kabila qui en a faut une ferme d’élevage de vaches importées par avion du Brésil. Et c’est la Gacamines qui a payé l’acquisition et le transport, par air et par route de ces bovidés. L’affaire est plus corsée quand on sait que le parc en question est un patrimoine national.
La deuxième affaire porte sur le même parc dans lequel des géologues auraient trouvé des traces de cuivre. La prospection aurait été conduite par un ingénieur non identifié, sans que la Gécamines soit mise au courant.
Après les vaches et peut-être le lait, le président, qu’on appelle le Raïs, a voulu investir dans une huilerie privée à Ankoro, le village du Nord Katanga, lieu de naissance du père Kabila. Là aussi, la Gacamines a été mise à contribution. C’est elle qui aurait acheté les palmiers destinés à être plantés dans l’exploitation, gérée par un ancien conseiller spécial du président. Comme il faudra bien le payer, la Gécamines s’en charge et de manière très généreuse. Les sources ont révélé le montant astronomique de 200.000 dollars par mois.
Dans ce contexte, on comprend mieux le limogeage de l’Administrateur directeur général. Celui-ci aurait venait d’apprendre que 14 millions de dollars ont été retirés du compte de l’entreprise lors d’une une discussion houleuse avec le président du Conseil d’Administration, Albert Yuma Mulimbi. Le retrait s’étant effectué sans son contreseing, l’ADG a voulu en savoir plus. Il s’est vite aperçu que c’est A.Y. Mulimbi qui a ordonné le retrait au profit d’un certain Emmanuel, directeur financier de la présidence de la république, lequel aurait tout reversé au comptable du palais de la Nation.
Ces faits ne sont pas une découverte pour le public Congolais et plus particulièrement pour les syndicats qui ont depuis longtemps révélé ce qu’ils appellent le « pillage systématique » des ressources minières du pays. Ce pillage risquerait fort bien de mettre en difficulté une entreprise qui en principe appartient au peuple congolais.
Affaire à suivre..