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Billet de blog 22 mai 2025

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rencontre avec Rony Brauman

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vendredi soir, j’ai eu l’honneur d’assister à une conférence de Rony Brauman.

J’éprouvais un besoin d’entendre le témoignage direct d’un homme qui, depuis plus de cinquante ans, se tient là où l’humanité vacille ; sur tous les fronts, au plus près des souffrances causées par les catastrophes naturelles, mais surtout par la violence des hommes . En réalité, ce sont toujours les plus vulnérables ; les femmes, les enfants ; qui en paient le prix fort. La cruauté humaine semble sans limite, et sa soif de pouvoir, d’une redoutable destructivité.

Je n’arrive plus à soutenir le regard face aux images insoutenables venues de Gaza. Le chaos, la douleur des civils palestiniens, la détresse d’un peuple pris en étau… Pourtant, il faudrait avoir le courage de regarder. Regarder bien en face ce qu’un État, un dirigeant, un peuple ou même une idéologie peuvent infliger à un autre peuple ; dans l’impunité la plus totale : anéantir un territoire, coloniser une terre, perpétuer une haine viscérale par désir de domination et de vengeance.

Comment un acte terroriste peut-il justifier la punition collective d’un peuple tout entier ? Comment accepter que l’on puisse détruire, assiéger, piller, affamer une population sous couvert de représailles ? Le plus insupportable reste sans doute le silence complice des nations occidentales, qui ferment les yeux, s’enferment dans l’ambiguïté, et laissent faire.

Honte à nous.

Merci, Rony Brauman, mon aîné de quelques mois seulement, nous avons fait le choix commun de combattre pour la justice et la dignité humaine.

Merci d’avoir mis des mots, avec calme, précision et conviction, sur ce que tant n’osent plus nommer : votre antisionisme assumé ; vous qui êtes né à Jérusalem.

Merci pour votre engagement sans relâche contre l’infamie, contre l’hypocrisie, contre la lâcheté.

Merci pour vos prises de parole, malgré la censure grandissante.

Merci de continuer à incarner une voix de paix dans un monde qui vacille.

Vos mots redonnent du sens à nos engagements. Ils rappellent à chacun de nous que la vérité reste une boussole. Et que l’humanité se défend, pied à pied, visage à visage.

Me revient un texte de Aimé Césaire sur la décolonisation que je me permet de vous joindre:

“Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et « interrogés », de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvage ment du continent.”

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