A Patrice Beray, en guise d'hommage et de souvenir, et "Thelgein", je ne sais pourquoi, mais elle et il le sauront, cette petite chose écrite par un jeune homme de trente ans, qui ne doutait de rien, et que feu "Don Quichotte", mensuel de "l'écologie de l'esprit", lui avait fait l'honneur de publier.
Pour les stations blanches des nuits toulousaines... Si loin, si proches...
Mens songes
Je trimballais ma machine à écrire
sortant d'un train de nuit dans Toulouse-la-bénite,
rues humides et cafardes, feuilles pourrissantes
Liu, le voyageur, chinois au hâvresac
aventurier souriant mais cerné, ô fréres !
Je mijotais une sentence, pressentais une cassure
j'avais marné dans l'enfance toute une soirée, effleurant la folie d'une femme enfant
remuant la merde pour en faire des beignets
Je ridais à Paris, apparitions
c'était un vent qui me poussait, abandonné au destin, ce hasard intuitif, comme le roseau, celui qui, souple, K'an, bien sur, l'eau stagnante, le lac insondable, attend la bréche dans la digue pour s'engouffrer en mugissant vers des ailleurs aquatiques
C'était aussi le temps de l'Avent - l'avanture au coin du rut, des culs ensorcelés dansaient dans l'averse d'un silence
Loin des milices, "miles, militis", des cilices, cherchant le Tout intégre, non secte-sionné.
La misére de nos misérables mesquineries s'évanouit quand l'esprit les saisit et les repousse hors du lit où il trône, impavide et serein, où il coule, rhême suprême, vers les vies danses , ces terribles impulsions/répulsions entre les cellules de tout ce tout qui nous méne, nous emméne et nous intégre...
Et puis les autres, et ne jamais oublier que la bonté, l'amour aux sens, au coeur et à l'esprit, fait cum-prendre bien plus que notre intellect desséché. L'amour - l'âme lourde et légére, sure, plaies crevasses saignantes, rouge, les mains brûlées mais tant pis! On vit encore et en corps, et quand on meurt c'est encore de la vie qu'on s'aime, semence, menstrues, monstres adolescents aux idées déchirées, femmes, enfants, hommes au regard, embrasser, embraser tout !
Et le verbe ! Les mots qui bouffent les maux pour en faire des émaux, émotions calcinées, motions mouvements vers un ailleurs meilleur ...
Fréres et oeurs de sang, de peau et d'os, nous sommes transe parents, je suis, comme vous, vous êtes comme moi : habités, hantés, déchirés
Le sot, le divin sot, l'idiot de la planéte, l'idion, l'idiome, bref, le génie, lui dont la simplicité d'esprit nous fait un complexe d'infésupériorité, intériorité extériorisée. Buvez, dansez, déchirez-vous la gueule, cette vie est un macadam où dessiner à la craie, alacre,, des figures inouies, des gestes maldororants. Bafouillez, il en restera des bruits. Et pissez sur Malcolm des larmes de jouissance, des mexiques éclatés, des soleils, des méres noires, des pleureuses odorantes ...
Je voudrais vous donner des jeu-thémes ... Et vous, femmes, baisez-nous jusqu'hallali, jusqu'à la liberté, jusqu'à ce que, sexes confondus, toi dans moi et tout dans tout, les casquettards péhémutistes aux Parisiens libérés, poussant des cris d'or frais dans les marges enfantines de leurs regrets à mère ... Je suis pd, mes frères, pas d'ici, et je ne suis pas compromis, monsieur le commissaire, dans cette affaire, mais cet "à faire"
Un silence, et je pleure sur Mainmise* des larmes de rhum et des ruelles obscures. Des seringues meringuées, des flous à lire et des vous à délier
J'avais un copain métis, père provençal, mére chippewa, qui mangeait des Mae-West, bouche gonflée d'or dur, Kébec d'hélices, de neiges beiges et fondantes, d'abris co-frelatés, de violons plastiques, de speed sonars et d'élans castrés. Son pére le fouettait jusqu'à ce qu'anamour s'ensuive. Schizo, ô fréres. Un pur impur.
Et mettre Buko dans un centre de cris ! Et merde ! Ce qu'ils ont fait à Artaud ! Ils l'ont fait ! Et Artaud la fée, donc. Et Céline, la grande féline, le chantre mou, qui appelait de ses feux un papa si fassiste, si fâcheux, fa cho, fa frette !
Je connais un ange déchu, ne la rejetez pas, je vous en prie, même si elle est blonde, a les yeux bleus, et la beauté du jade, la froideur d'une secousse sismique et la douleur d'un ego. Elle est cri. Elle tiraille, elle ferraille, elle diabole ... Elle se targue d'être valium, elle se pique d'être idion, elle est soeur et elle aime, c'est son boulet.
Toi, lecteur de là-bas, d'ici, toi qui -toi aussi- déses-père et crie lui, écris moi, et cris vivez vous. Des signes, frères, désigne ton âme, la vie est facile quand on sait la danser. Monstres de tous pays déchirez-vous la main, pour des lentes mains qui chantent, échancrez-vous le col, décravatez-vous l'esprit, cravachez votre soleil, l'hypothalamus thyroïdien. Et si vous oubliiez votre laid sur le feu, pour danser jusqu'aux orties vos fermes à vau-l'eau ...
et la rime, et la frime, laissez ça aux jargonautes, ces mutants du cas phare. Des bruyances se font sur les boulevards. Les pavés se dessoudent et s'envolent hors du "Nie"! Ni dieu, ni métre ! Rien. Rien qu'un beau pése-nerfs. Rien qu'un moi-jeu. Quand les individus se feront indivis, tout sera divin, le vin sera fin, la frime sera prime et la page ouverte.
Et le vent, ô frères ! Ce poussif qui nous envase, qui nous cercle et nous dicte du doit le chemin à suivre. Faisons -nous feuilles mortes, quand l'hiver s'installe, faisons-nous signes, et décodez, déconnez, déconnaissez-vous ! En attendant que revienne un printemps show, un printemps montre, un printemps monstre...
Anna t'aime
(1979. "C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à table, on prenait les loups pour des chiens" L.A.)
*"Mainmise" était une revue "underground" qui faisait référence, à Montréal, en liaison étroite avec "Radio Chum".