C'est l'été, on n'a pas trop envie de penser. Besoin d'évasion, entre la taule et la tôle. On lance la main, un peu au hasard, on feuillette des livres. Et l'on trouve ceci:
"J'ai trop à écrire, c'est pourquoi je n' écris rien.
N' entreprendre qu'en raison de la passion constante et non de la passion momentanée.
Le fanatisme.
Se montre partout où, sur des objets importants, un peuple vif et impétueux n'a que des idées vagues et confuses.
Faire un memore à lire tous les matins.
Ce n'est que dans le monde, et en voyant depuis le prince de sang jusqu'au savetier, qu'il trouvera ses toiles et ses couleurs, s'il a reçu de la nature le génie de la comédie.
Mettre le petit grain de piquante froideur.
(La seule chose qui m'ait sauvé jusqu'ici, c'est le feu de la jeunesse.)
Moi, j'ai passionnément désiré être aimé d'une femme mélancolique, maigre et actrice.
(Je ne me méfie pas assez de la mémoire des sots, c'est le côté par lequel ils réparent leur sottise.)
J'ai cru avoir l'honneur d'être enterré à Sagan."
Fragments d'un journal intime. Stendhal (Ecrits intimes)
Réactivés par Hubert Haddad. "Le Nouveau Magasin d' Ecriture".