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Billet de blog 9 mai 2010

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La Recherche de la fécalité

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Là où ça sent la merde

ça sent l'être.

L'homme aurait très bien pu ne pas chier,

ne pas ouvrir la poche anale,

mais il a choisi de chier

comme il aurait choisi de vivre

au lieu de consentir à vivre mort.

C'est que pour ne pas faire caca,

il lui aurait fallu consentir à ne pas être,

mais il n'a pas pu se résoudre à perdre

l'être,

c'est à dire à mourir vivant.

Il y a dans l'être

quelque chose de particuliérement tentant pour l'homme

et ce quelque chose est justement

LE CACA

(Ici rugissements.)

Pour exister il suffit de se laisser aller à être,

mais pour vivre

il faut être quelqu'un,

pour être quelqu'un,

il faut avoir un os,

ne pas avoir peur de montrer l'os,

et de perdre la viande en passant.

L'homme a toujours mieux aimé la viande

que la terre des os.

C'est qu'il n'y avait que de la terre et du bois d'os,

et il lui afallu gagner sa viande,

et il n'y avait que du fer et du feu

et pas de merde,

et l'homme a eu peur de perdre la merde

ou plutôt il a désiré la merde

et, pour cela, sacrifié le sang.

Pour avoir de la merde,

c'est à dire de la viande,

là où il n'y avait que du sang

et de la ferraille d'ossements

et où il n'y avait pas à gagner d'être

mais où il n'y avait qu'à perdre la vie.

o reche modo

to edire

di za

tau dari

do padera coco

Là, l'homme s'est retiré et il a fui.

Alors les bêtes l'ont mangé.

Ce ne fut pas un viol,

il s'est prêté à l'obscéne repas.

Il y a trouvé du goût,

il a appris lui-même

à faire la bête

et à manger le rat

délicatement.

Et d'où vient cette abjection de saleté?

De ce que le monde n'est pas encore constitué,

ou de ce que l'homme n'a qu'une petite idée du monde

et qu'il veut éternellement la garder?

Cela vient de ce que l'homme,

un beau jour,

a arrêté

l'idée du monde.

Deux routes s'offraient à lui :

celle de l'infini dehors,

celle de l'infime dedans.

Et il a choisi l'infime dedans,

Là où il n'y a qu'à presser

le rat,

la langue,

l'anus

ou le gland.

Et dieu, dieu lui-même a pressé le mouvement.

Dieu est-il un être?

S'il en est un c'est de la merde.

S'il n'en est pas un

il n'est pas.

Or il n'est pas,

mais comme le vide qui avance avec toutes ses formes

dont la représentation la plus parfaite

est la marche d'un groupe incalculable de morpions.

"Vous êtes fou, monsieur Artaud, et la messe?"

Je renie le baptême et la messe.

Il n'y a pas d'acte humain

qui, sur le plan érotique interne,

soit plus pernicieux que la descente

du soi-disant Jésus-christ

sur les autels.

On ne me croira pas

et je vois d'ici les haussements d'épaules du public

mais le nommé christ n'est autre que celui

qui en face du morpion dieu

a consenti à vivre sans corps,

alors qu'une armée d'hommes

descendue d'une croix,

où dieu croyait l'avoir depuis longtemps clouée,

s'est révoltée,

et, bardée de fer,

de sang,

de feu, et d'ossements,

avance, invectivant l'invisible

afin d'y finir le JUGEMENT DE DIEU.

A.A.

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