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Billet de blog 11 novembre 2010

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Danïar.

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Je voulais dire plein de choses. Sur la situation politique, les élections , les institutions syndicales, la nécessité de les déstabiliser pour obliger les appareils à bouger, à se mettre en mouvement "comme tout le monde", comme vous, comme moi, comme nous.

J'aurais voulu, j'aurais aimé pouvoir parler de Jaurés, honorer ce nom, le nom d'un homme courageux, honnête, sincére, intelligent et en mouvement. En mouvement pour l'éternité maintenant, parce que c'est le nom d'un homme que les réactionnaires, les "versaillais", assassins de la Commune, ont fait assasssiner d'abord pour pouvoir ensuite faire s'entr'assassiner deux peuples.

Je voulais, j'aurais voulu tout ça qui, au fond, me dépasse un peu, moi qui ne suis qu'un tout petit marcheur.

J'aurais voulu. Mais je ne trouve que ce mot, qui est un nom : Danïar.

Ceux et celles qui le connaissent savent que Danïar est Kirghiz, ou peut-être Kazakh, on ne sait pas, on ne sait plus, de toutes façons il est orphelin de beaucoup de choses, apparemment. Je dis bien : on ne sait pas, parce que, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il "n'est pas trés causant", comme on dit, pas trés bavard, plutôt muet même. Ou mieux : mutique, parce que ce mot se rapproche de la musique, ou silencieux, parce que le silence est comme l'essence de la musique. Et quand Danïar ouvre la bouche c'est un chant merveilleux, c'est un enchantement.

C'est comme quand Tchinguiz Aïtmatov écrit "Djamilia".

Et dans une moindre mesure, mais une mesure de musique, quand même et de chant, surtout de chant, quand Louis Aragon en écrit la préface, et qu'il ose, devant tout le monde , dire et affirmer que c'est la plus belle histoire d'amour.

Or il se trouve que c'est la plus belle histoire d'amour, comme si Chrétien de Troyes avait écrit "Perceval le Gallois", Shakespeare "Roméo et Juliette", ou Zoé Oldenburg "La pierre angulaire".

Mais vous le connaissez, ce Danïar, vous l'avez déjà rencontré, au détour d'un chemin au fond d'une ruelle obscure, dans les soutes d'un navire, à la peine d'une usine, ou dans l'ombre d'un bureau. Oui. Vous le connaissez, vous l'avez déjà rencontré, j'en suis sûr, en vous-même, et Djamilia aussi. Et vous êtes amoureux l'un de l'autre.

Car, au fond, tout ça, politique et mouvement, chant et musique, écriture et roman, la vie, c'est l'amour, c'est le désir de l'amour et l'amour du désir ("Le fleuve amour", lui répond Joseph Delteil).

Tchinghiz Aïtmatov : "Djamilia "

Collection Folio.

Traduit du kirghiz par A. Dimitrieva et Louis Aragon.

Préface de Louis Aragon.

Premiére édition : 1957.

Pour la traduction française : Messidor, 1959.

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