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Billet de blog 13 mai 2010

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Arabe

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est un vieux livre qui se délite. Le brochage se décout, ne retient plus qu'à peine les pages de velin passé, enluminées d'arabesques bleu pâle. Il ne comporte pas de mention de date, ni d'inscription à la Bibliothéque Nationale, seule figure, en toute derniére page, trés discrétement , le nom de l'imprimeur : Melzer, Paris. J'aime supposer qu'il fut imprimé vers 1900, 1910. Des spécialistes du livre ancien le diraient mieux que moi, qui n'ai fait que le lire aprés qu'un ami, qui me le donna, l'ait distrait de la riche bibliothéque paternelle.

Le jardin des caresses

"Ces poésies, écrites en Espagne, au Xéme siécle, par un Arabe inconnu, viennent d'être découvertes à Tombouctou, dans les archives de l'ancienne Université de Sankoré.

Au XVéme siécle, avant les ravages exercés par les Touaregs, Tombouctou était encore le centre intellectuel et commercial le plus important de l'Islam. Lorsque les Arabes furent chassés de l'Espagne, un grand nombre de lettrés, attirés par le renom de Tombouctou, gagnérent cette ville, aprés avoir séjourné au Maroc. Aujourd'hui, Tombouctou n'est plus que ruines et désolation. De l'Université célébre de Sankoré, il ne demeure qu'une mosquée, desservie par un marabout qui garde jalousement quelques piles de volumes sans intérêt. Un soir, devant nous, le vieillard prit dans un grand sac de cuir un coffret, où s'amoncelaient des actes de ventes, de jugements de cadis et des versets du Koran ; enfin, il tira de ce coffret un parchemin sur lequel était rédigé, en pur arabe, sous une rubrique enluminée, ces kacidas, qu'il nous a permis de transcrire, et qui sont traduites ici littéralement."

Franz Toussaint.

*

Les seins, les yeux et la chevelure.

Plus blancs et plus gonflés de trésors que les tentes d'un émir, tes seins, ô ma bien aimée, sont les tentes de mon amour.

Lorsque je cache, à midi, mon visage dans ta chevelure et que je cherche ton regard, tes yeux sont les deux étoiles qui illuminent la nuit embaumée où je défaille.

Si, un jour, ô ma bien aimée, j'apprends qu'un autre a dormi dans ta chevelure et que tes yeux ont éclairé le visage de ce Maudit, je ne saisirai pas mon poignard, je n'achéterai pas du poison, mais je sifflerai mes lévriers et j'irai sur la route de Grenade, à l'endroit de notre premier rendez-vous.

Là, j'enterrerai, pour l'éternité, le mouchoir de soie qui aura essuyé mes larmes.

**

Défi

J'ai poli ton corps de tant de caresses, qu'il ressemble maintenant à la pierre sacrée d'El Djouf, que tant de lévres ont usée.

Le soleil peut s'éteindre et la lune tomber, il m'éclairera d'une lumiére éblouissante.

***

La bataille

Nous avions épuisé les paroles d'amour.

De même que le silence s'établit dans les rangs de deux armées qui vont se livrer bataille, se silence s'était fait entre nous.

J'ai livré la bataille d'amour. Le bruit des sabres était nos baisers, les soupirs des blessés étaient nos halétements, le fracas des chars était dans nos artéres.

Et je t'ai rejetée loin de moi, comme un étendard déchiré.

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