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Billet de blog 14 octobre 2009

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L'irréparable.

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"Avertissement

Les fragments qui suivent peuvent être lus comme un commentaire du paragraphe 9 de L'Être et le Temps de Heidegger et de la proposition 6.44 du Tractatus de Wittgenstein. Dans ces deux textes, ce qui est en question, c'est la tentative de définir un vieux probléme métaphysique, le rapport entre essence et existence, quid est et quod est. Comment et dans quelle mesure ces fragments, même à travers leurs lacunes évidentes, contribuent à la redéfinition de ce rapport, que la faible inclination de notre temps pour l'ontologie (la philosophie premiére) a laissé expéditivement de côté, cela ne sera clair qu'à une pensée que aura su de toute façon les situer sur un tel fond."

I

L'Irréparable c'est que les choses soient ainsi comme elles sont, de cette façon ou d'une autre, livrées sans reméde à leur maniére d'être. Irréparables sont les états de choses, quels qu'ils soient : tristes ou joyeux, atroces ou bienheureux. Comment tu es, comment est le monde - tel est l'Irréparable.

*

Révélation ne signifie pas révélation du caractére sacré du monde, mais seulement révélation de son caractére irréparablement profane. (Le nom nomme toujours et uniquement des choses.) La révélation livre le monde à la profanation et à la chosalité - n'est-ce pas précisément ce qui s'est produit? La possibilité du salut ne commence qu'alors - elle sauve le caractére profane du monde, son être-ainsi.

(C'est pourquoi ceux qui cherchent à sacraliser de nouveau le monde et la vie sont tout aussi impies que ceux qui désépérent à cause de sa profanation. C'est pourquoi la théologie protestante, qui sépare nettement le monde profane du divin, a tort et raison à la fois : raison, car le monde a été irrévocablement livré par la révélation - par le langage - à la sphére du profane ; tort car c'est précisément en tant que profane qu'il sera sauvé.)

*

Le monde - en tant qu'absolument, irréparablement profane - est Dieu.

*

Les deux formes de l'Irréparable selon Spinoza, la sécurité et le désespoir (Ethique, III, déf. XIV-XV), sont, de ce point de vue, identiques. L'essentiel c'est seulement que toute raison de douter ait été surmontée, que les choses soient certainement et définitivement ainsi, peu importe si cela est source de joie ou de douleur. Le paradis, comme état des choses, est parfaitement équivalent à l'enfer, même s'il est de signe opposé. (Mais si nous pouvions nous sentir en sécurité dans le désespoir, ou désespérer dans la sécurité, nous apercevrions alors, dans l'état des choses, une marge, un limbe qui ne peut être contenu en lui.)"

G.A. "La communauté qui vient" pp 95-97.

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