Psaumes
Psaume 40
"Heureux celui qui se met dans la peau de l'indigent et du misérable : et qui se porte ainsi candidat à la libération.
"Que Dieu le conserve", ce sont à présent des paroles qui ont pris sens pour lui, "et le vivifie ! et le rende heureux sur la terre et ne le livre pas au désir de ses ennemis !"
Que le Seigneur porte secours à ce gisant sur son grabat ! quelqu'un pour lui arranger sa couche avec des mains d'infirmiére.
Guéris-moi, Seigneur ! Ce n'est pas ma faute si je t'ai fait tout le mal que je pouvais !
Entends-tu? "Quand c'est qu'il mourra et qu'on n'entendra plus parler de lui?" C'est de moi qu'il s'agit.
Tous ces bavards pour me visiter qui ne savent que parler, la bouche ouverte! il faut bien s'approvisionner, n'est-ce pas, de tous les moyens de me faire du mal.
Race, race, ô race de bavards et de colporteurs!
Ca passe d'une oreille à l'autre, quelle complaisance en eux au malheur de son prochain!
"C'est fini, il est condamné! Mais oui! Pour de bon! Il ne s'en relévera pas, que je vous dis!"
Ce bon camarade que j'ai reçu tant de fois à ma table, l'Ecriture dit qu'il a magnifié sur moi sa supplantation!
Mais toi, Seigneur, tu es là un bon coup pour me ressusciter et regarde la tête qu'ils feront! fini de rire, mes bons amis!
Cette innocence sur moi tout à coup au milieu de Ton éternité!
Ô que si tu consentais à être pour moi le Seigneur à jamais dans tous les siècles des siècles! Si, si, si, si, si, si, si!"
Psaume 40, trad. de Paul Claudel. 3 mai 1948 Ascension
NRF Gallimard, 2008